Casse-Noisette n'attendra pas décembre, cette année, pour souffler flocons et magie sur Montréal à la veille de Noël. Près de trois semaines avant les traditionnelles représentations du ballet chorégraphié par Fernand Nault à la Place des Arts, les Grands Ballets Canadiens de Montréal (GBCM) ouvrent les portes de leur Marché Casse-Noisette.

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Du 25 novembre au 5 décembre, 70 créateurs, designers et boutiques uniques (mode, plaisirs gourmands, décoration, beauté, bien-être, jouets) exposeront leurs marchandises dans un Palais des Congrès de Montréal métamorphosé, pour l'occasion, en paradis du cadeau.

Une première pour les GBCM qui ont un manque à gagner de 250 000$ annuellement depuis 2008. «Depuis que le gouvernement Harper a sabré son soutien aux arts et à la culture, dit Alain Dancyger, directeur général des GBCM. Les tournées sont ainsi touchées, alors qu'on garantit 42 semaines de travail à nos danseurs. C'est la pire décision du gouvernement, car notre produit plaît à l'étranger. Il est demandé. Les diffuseurs qui achètent nos productions paient l'hôtel et les cachets, mais pas le transport international.»

«On a aussi atteint le seuil de maturité des oeuvres originales à présenter, ajoute Alain Dancyger. On a donc besoin d'investir en création.»

Et les GBCM ne peuvent plus compter sur Casse-Noisette, de loin la production la plus populaire de la compagnie, pour nourrir leurs ambitions créatrices et internationales. Chaque année, les 15 représentations du classique de Tchaïkovski attirent 42 000 personnes. Mais aux 2,2 millions de dollars que le spectacle engrange, il faut soustraire 1 million en production, 120 000$ dans l'achat de pointes et des milliers de dollars pour les salaires des 62 danseurs et de l'équipe de création. «Casse-Noisette est la plus importante source de revenue en billetterie, mais ce n'est plus suffisant», affirme Alain Dancyger.

Ce dernier s'en remet donc au Marché Cassette-Noisette comme source de revenus - il espère - récurrente et substantielle. Les GBCM attendent 15 000 personnes au Palais des Congrès cette année. «C'est le premier marché à caractère philanthropique au Canada, note Alain Dancyger, instigateur du projet estimé à 600 000$. Nous gérons le marché à 100%. Les revenus sont assurés par la billetterie et les exposants qui nous remettent 10% de leurs revenus. D'ici cinq ans, le Marché devrait générer 500 000$ de profits annuellement.»

Avec leur Marché, les GBCM prennent exemple sur le Houston Ballet, organisateur d'une foire similaire depuis 1981, au Texas, et qui a fourni des revenus de 22 millions à la fondation de la compagnie. L'an dernier, 68 000 visiteurs y ont dépensé 9,1 millions de dollars. «C'est la première activité de financement du Houston Ballet et c'est devenu un moteur pour la ville, affirme Alain Dancyger. Des gens de l'extérieur viennent y magasiner.»

Mais avec leur Marché, les GBCM dansent surtout sur une scène jamais foulée. «Les paradigmes changent, constate Alain Dancyger. En tant que grande institution, on a notre rôle à jouer pour être plus autonome. Mais ça n'enlève rien à la responsabilité du gouvernement.»