Le projet éolien de 68 mégawatts abandonné par Kruger à Sainte-Luce-sur-Mer traversera le fleuve pour être réalisé dans Charlevoix par Gaz Métro et Boralex.

Les deux entreprises ont annoncé hier avoir racheté ce contrat conclu en 2008 entre Kruger et Hydro-Québec pour une somme qu'elles ne veulent pas dévoiler.

 

Le consortium formé par Boralex et Gaz Métro entend ajouter ce projet éolien aux deux autres qu'il a déjà dans la Seigneurie de Beaupré, un terrain appartenant au Séminaire de Québec.

Au total, ce projet générera 340 mégawatts d'énergie éolienne, ce qui en fera le plus important au Québec.

Le projet soumis par Kruger à Sainte-Luce-sur-Mer avait été accepté par Hydro-Québec à la suite de son second appel d'offres pour l'achat de 2000 mégawatts d'énergie éolienne. L'entreprise n'est pas parvenue à s'entendre avec la communauté sur l'emplacement des éoliennes et a fini par laisser tomber son projet.

Le projet aurait pu faire l'objet d'un nouvel appel d'offres, mais c'est plutôt par une entente privée entre deux promoteurs qu'il a changé de mains.

Pour le ministère des Ressources naturelles, ça ne pose aucun problème. «Il y a eu preneur pour un projet dont la municipalité (de Sainte-Luce) ne voulait pas», a expliqué la porte-parole de la ministre Nathalie Normandeau.

Selon Marie-France Boulay, la ministre voit ce changement d'un bon oeil, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un précédent.

Un autre promoteur, Saint-Laurent Énergies, s'est heurté à l'opposition de la communauté d'Aguanish, sur la Côte-Nord, et a abandonné la partie. L'entreprise a toutefois décidé réaliser son projet ailleurs, à Saint-Robert-Bellarmin, dans la Beauce.

Kruger a aussi tenté de conserver son projet et de le faire ailleurs, a fait savoir hier le responsable de sa division Énergie, Jean Roy, mais ça n'a pas été possible. Comme beaucoup d'intéressés s'étaient manifestés, l'entreprise a négocié avec eux et a fini par s'entendre avec Gaz Métro et Boralex.

Hydro-Québec, qui tenait au maintien de toutes les conditions prévues au contrat avec Kruger, a donné son accord au transfert de propriété du projet.

Les nouveaux propriétaires du projet ne pourront pas livrer l'électricité en 2012 comme prévu au contrat signé par Kruger. «C'est impossible», a dit hier la porte-parole de Boralex, Patricia Lemaire, qui parle d'une mise en service du parc éolien deux ans plus tard, en 2014.

Normalement, Boralex et Gaz Métro devraient payer une pénalité à Hydro-Québec pour ses deux années de retard.

Pour Kruger, la vente de ce contrat ne signifie pas qu'elle se désintéresse de l'éolien. Au contraire, a soutenu hier son porte-parole, Jean Majeau. Kruger travaille activement à la réalisation d'un autre parc éolien de 100 mégawatts en Montérégie et en a terminé deux autres en Ontario, a-t-il précisé.

Profit en baisse

Le partenaire de Boralex dans les projets éoliens de Charlevoix, Gaz Métro, a déclaré hier un bénéfice net en baisse de 4,3% pour l'exercice 2010. Le profit net a été de 152,6 millions de dollars, comparativement à 159,6 millions l'an dernier.

Les revenus ont baissé, passant de 2,24 milliards à 2 milliards.

Le volume de gaz distribué par Gaz Métro au Québec est en hausse de 6% en 2010 et l'entreprise a conclu 7745 nouveaux contrats pendant l'exercice, une hausse de 25%.

«Au Québec, le gaz naturel est concurrentiel depuis maintenant plus d'an dans tous les segments de marché et par rapport à toutes les formes d'énergie», a expliqué Sophie Brochu, présidente et chef de la direction de Gaz Métro.

Gaz Métro est la propriété de Noverco, holding détenu majoritairement par la Caisse de dépôt, le Fonds FTQ et des régimes de retraite de Desjardins, de l'Université du Québec et de la Colombie-Britannique.