Dur rappel à la réalité pour ceux qui espéraient un retour des beaux jours en capital-risque au Québec. Après un trimestre encourageant au printemps, l'été a accouché d'une récolte si pauvre que l'année 2010 risque de se conclure sous les niveaux de vaches maigres enregistrés pendant la crise du crédit.

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Au troisième trimestre, seulement 76 millions ont été investis en capital-risque pour soutenir les innovations des Québécois. Il s'agit d'une chute de 22% par rapport à la même période en 2009, une année pourtant bien en deçà des niveaux historiques.

«La récession a été extrêmement forte aux États-Unis, moins forte au Canada et encore moins forte au Québec. Mais on reste tributaire de l'économie nord-américaine, et les niveaux d'investissement sont encore loin d'être ce qu'ils étaient avant la crise», constate François Chaurette, coprésident de Réseau Capital, l'Association du capital-risque québécois.

M. Chaurette pointe cependant que bien des transactions sont dévoilées tardivement et échappent au radar de la firme Thomson Reuters qui les compile. Il garde donc espoir de voir les chiffres décevants dévoilés hier être revus à la hausse.

«On a des assises solides au Québec», dit aussi M. Chaurette, qui souligne qu'autant les fonds locaux et étrangers que les fonds de travailleurs sont actifs en capital-risque dans la province, «un équilibre assez rare ailleurs» selon lui.

Après un bon trimestre au printemps, le secteur des biotechs a connu un été à oublier. Seulement quatre entreprises ont conclu des transactions, pour un financement total anémique de 5 millions. Le secteur des technologies de l'information a fait beaucoup mieux, une douzaine d'entreprises raflant 39 millions de dollars.

Fait intéressant: alors que le secteur des technologies propres rafle le gros du capital-risque aux États-Unis, il est encore très peu présent au Québec et ne fait même pas l'objet d'une catégorie à part dans les statistiques de Thomson Reuters.

«C'est quelque chose qui est très jeune au Québec. L'industrie du capital-risque du Canada est 30 ans en retard sur celle des États-Unis, et ça se reflète aussi dans les secteurs d'activité», dit François Chaurette.

Dans l'ensemble du pays, le capital-risque a connu une augmentation de 20% au troisième trimestre par rapport à l'année précédente.