Les Québécois souhaitent mieux connaître les rouages de l'économie et des finances publiques, mais ils trouvent encore difficile d'obtenir les informations les plus compréhensibles et pertinentes.

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Par conséquent, malgré les progrès réalisés depuis des années, leur savoir économique demeure parsemé de failles significatives, selon une étude divulguée aujourd'hui par le Cirano, un réseau interuniversitaire de recherche en économie.

«Il y a encore un déficit de connaissances économiques à combler parmi les Québécois qui, justement, veulent en savoir davantage», résume Claude Montmarquette, PDG du Cirano et professeur en économie à l'Université de Montréal.

Le rapport intitulé Les Québécois et les rouages de l'économie québécoise s'appuie sur un sondage spécialisé qui a été mené à la mi-octobre auprès de 1008 répondants par Angus-Reid.

Selon les résultats, les Québécois connaissent plutôt bien certains concepts importants en économie comme le «taux de change» et la primauté du commerce avec les États-Unis.

Ou encore, la définition du «salaire minimum» et le poids de l'impôt sur les revenus au Québec.

En contrepartie, c'est sur le plan des conséquences pratiques de ces concepts que la connaissance et la compréhension font encore défaut, selon le constat du Cirano.

Un exemple: une question sur le niveau du salaire minimum au Québec a obtenu l'un des meilleurs taux de bonne réponse, avec 84% des répondants.

À l'opposé, moins de 1% d'entre eux ont pu estimer correctement le pourcentage de travailleurs à temps plein qui sont payés au salaire minimum.

Près des deux tiers des répondants l'ont estimé entre 20% et 25% alors qu'il est d'à peine 2%, selon les données citées par le Cirano.

En matière de finances publiques, les répondants ont démontré une certaine connaissance des concepts principaux, comme la dette publique du Québec et l'usage de la péréquation entre les provinces.

Mais là aussi, leur savoir plus concret sur les comptes publics s'avère parsemé de méconnaissances et d'erreurs factuelles, selon le rapport du Cirano.

Un exemple: près de la moitié des répondants ont bien identifié le plus important poste de coûts au budget du Québec (santé publique). En contrepartie, un peu plus du quart des répondants ont aussi coché les «coûts administratifs» comme l'une des plus grosses dépenses gouvernementales.

Or, selon les données colligées par Cirano, ces «coûts administratifs» ne représentent en fait que 4% des dépenses de l'État québécois. Les deux autres postes majeurs de dépenses sont en fait l'éducation et le service de la dette.

Par ailleurs, l'enquête de Cirano confirme que les médias dominent comme sources de savoir économique des Québécois. Mais au risque de les amener parfois vers des «perceptions erronées», selon M. Montmarquette.

Par exemple, avec l'attention médiatique sur les travaux routiers et les projets à risque environnemental, les Québécois croient que ces activités sont parmi les plus grosses dépenses au budget provincial.

Or, c'est le contraire dans la réalité. Les travaux publics pèsent 6% environ des dépenses provinciales, et l'environnement à peine 1%, selon les chiffres compilés par Cirano.

Selon M. Montmarquette, un tel écart entre la perception et la réalité de certains éléments de l'économie découle d'une couverture plus superficielle dans les médias les plus consultés.

«La télévision et, dans une moindre mesure, l'internet sont devenus les principales sources d'information des Québécois. Or, ces médias font de plus en plus dans les débats polémiques et superficiels, au lieu de l'information mieux expliquée que l'on retrouve habituellement dans la presse écrite», selon Claude Montmarquette.