La CSN prend les grands moyens pour empêcher les chauffeurs d'autobus de Laval de se joindre au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). La centrale syndicale s'est adressée à la Cour supérieure, cette semaine, pour invalider un vote tenu le 13 septembre dernier par les travailleurs.

Ce jour-là, 447 syndiqués sur 497 (90%) ont choisi de quitter la Fédération des employés et employées de services publics (FEESP-CSN). Ce faisant, les employés de la Société de transport de Laval (STL) sont devenus membres du SCFP, division de la FTQ.

La décision mettait fin à une longue querelle entre les représentants des chauffeurs d'autobus et la centrale. Du moins, c'est ce que croyait le président du syndicat, Richard Ouimet.

«S'ils avaient dépensé autant d'énergie pour nous donner du service, on n'en serait pas là aujourd'hui, a-t-il affirmé. J'ai été estomaqué de lire ça. Ce sont des mauvais perdants.»

Dans une requête adressée à la Cour supérieure, la direction de la CSN affirme que le vote est illégal.

«L'assemblée générale de désaffiliation et le vote doivent être annulés et considérés nuls, de nullité absolue, car ils ont été tenus de façon contraire aux statuts et règlements» de la CSN et du Syndicat des chauffeurs d'autobus de Laval, peut-on lire dans la requête.

La centrale affirme que le vote s'est tenu sans qu'elle ait pu s'entendre avec les représentants des chauffeurs sur les modalités du scrutin. Et ce, malgré deux rencontres avec le bureau syndical.

L'assemblée générale du 13 septembre regroupait 107 chauffeurs. Un dirigeant de la CSN a pris la parole en espérant convaincre les syndiqués de ne pas quitter les rangs de la centrale. Mais, selon la requête, il a été interrompu par un chauffeur qui a exigé un vote sur-le-champ.

Le scrutin s'est tenu à deux endroits: dans l'assemblée générale et dans les locaux de la STL. C'est dans ce deuxième local que la majorité des chauffeurs ont voté. La CSN affirme que les travailleurs ont donc voté sans avoir pu assister au débat.

«Il s'agit ici d'une entorse claire et non équivoque à la lettre et à l'esprit des statuts et règlements de la CSN, qui prévoient qu'une telle décision ne peut être prise qu'à la suite d'un débat d'une durée suffisante à la prise d'une décision éclairée, indique la centrale dans sa requête. Or, comment des membres absents ont-ils pu jouir d'un tel processus?»

Richard Ouimet rétorque que la centrale a tout faux. «Tout a été mis en oeuvre pour que ce soit démocratique, pour qu'il y ait le plus de chauffeurs qui puissent exercer leur droit de vote, a-t-il indiqué. Un huissier a passé la journée ici. Deux représentants de la CSN étaient là tout au long du scrutin et ils nous ont dit que ça avait été fait correctement.»

Des relations envenimées

Les relations entre les dirigeants du syndicat des chauffeurs d'autobus et la FEESP-CSN s'étaient envenimées au cours des dernières années. Le problème a perduré pendant des années, affirme le président, dont les membres expédiaient chaque mois 23 000$ à différentes branches de la CSN.

Soutien déficient

Richard Ouimet affirme que le soutien que lui offrait la centrale était déficient. Les conseillers qui devaient l'épauler dans la gestion des griefs, dans l'application des conventions collectives et dans les négociations avec son employeur étaient inefficaces, dit-il.

En juin, un mois avant l'expiration de la convention collective des chauffeurs, Richard Ouimet a avisé la CSN de son intention de quitter la centrale. Les deux parties ont fait campagne auprès des travailleurs pendant l'été.

La tension a grimpé pendant cette période. Un membre du bureau syndical et un représentant de la CSN en sont carrément venus aux coups en marge d'une rencontre, le 19 août dernier. La police a dû intervenir au garage de la STL et l'affaire s'est retrouvée devant les tribunaux.

La CSN a refusé de parler du dossier, hier, puisque l'affaire doit être jugée en cour.