Il manque de femmes, d'autochtones, de minorités visibles et de handicapés dans les conseils d'administration (CA) de grandes sociétés canadiennes, selon une étude publiée hier par le Conseil canadien pour la diversité administrative (CCDA), un groupe obscur nouvellement créé. Les francophones? On ne le sait pas, parce que l'organisme, qui compte Desjardins et la Banque Nationale parmi ses membres fondateurs, ne se pose même pas la question.

Un silence qui étonne Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques. «Le conseil doit refléter l'environnement de l'entreprise et, au Canada, il y a une réalité qu'on appelle la réalité francophone canadienne. Cette réalité-là aurait dû être relevée. Je suis étonné que l'on ne l'ait pas mentionnée», dit-il.

Le CCDA a pour vision de favoriser la représentation de la diversité canadienne dans les CA, mais sa définition de diversité exclut les francophones tout en incluant les transsexuels. En passant, son comité directeur de 10 membres ne compte personne du Québec.

Interrogée sur l'absence du fait français comme élément de la diversité canadienne, Pamela Jeffery, fondatrice de CCDA, plaide l'erreur de jeunesse. «C'est notre tout premier bulletin. Nous avons reçu beaucoup de suggestions pour l'améliorer. Dès l'an prochain, nous allons mesurer la place des francophones dans les conseils», assure-t-elle.

Ça tombe bien. Il n'y a pas d'études récentes faites sur la place des francophones dans les CA, fait valoir M. Nadeau. qui croit que ceux-ci y sont sous-représentés à l'échelle canadienne. D'ailleurs, l'Institut sur la gouvernance travaille à un projet de colloque au printemps prochain sur la place des francophones du Québec dans les conseils.

À noter que l'Institut de la gouvernance ne formule aucune recommandation à l'égard d'une représentation francophone au sein des CA, alors qu'il recommande la présence d'au moins 40% de femmes à ces mêmes conseils. «C'est certainement quelque chose sur laquelle on va se pencher au cours des prochains mois», dit M. Nadeau.

Desjardins et la Banque Nationale ne nous avaient pas parlé avant de mettre sous presse. Selon le CCDA, les deux institutions financières se sont jointes à l'organisme à la demande de ce dernier tout récemment, soit après que l'enquête a été réalisée. Le CCDA tenait à avoir des membres de toutes les régions du pays et que ceux-ci soient des leaders en matière de diversité et de gouvernance.

Des CA peu représentatifs

Dans son étude effectuée en juillet 2010 par Northstar Research auprès d'administrateurs, l'organisme fondé en novembre 2009 constate qu'il manque de diversité au sein des conseils des 500 plus grandes entreprises au pays. Il manque de tout.

Les femmes ne représentent que 15% des administrateurs - un pourcentage qui monte à 19% dans le groupe des 100 plus grosses sociétés -; les minorités visibles, 5,3%; les personnes handicapées 2,9%; et les autochtones, 0,8%.

Pourtant, 6 administrateurs sur 10 croient que leur conseil est diversifié. Près de 4 administrateurs sur 10 sont d'avis que la diversité est une question importante.