À bout de patience, la CSN a exhorté mardi le gouvernement Charest de modifier le Code du travail pour le bénéfice des 253 travailleurs du Journal de Montréal en lock-out depuis 20 mois.

S'il veut éviter d'être perçu comme le complice du patron Pierre Karl Péladeau dans ce conflit qui s'éternise, le gouvernement n'a d'autre choix que de revoir la loi anti-briseur de grève, a fait valoir la présidente de la centrale, Claudette Carbonneau.

«Refuser de moderniser les dispositions anti-briseur de grève après 20 mois de conflit (...) c'est choisir d'appuyer une partie et de mépriser 253 personnes qui sont sur le trottoir depuis bien trop longtemps», a fait valoir Mme Carbonneau.

Elle participait à une manifestation aux côtés de quelques dizaines de «lock-outés» du Journal de Montréal devant l'Assemblée nationale, à l'occasion de la rentrée parlementaire.

Sous une pluie battante, le président du syndicat du Journal, Raynald Leblanc, a lancé un cri du coeur au nom de ses compagnons d'infortune.

«La violence, ce n'est pas que physique. Depuis presque deux ans, nous subissons de la violence psychologique, de la violence économique», a relaté M. Leblanc, la voix étranglée.

Avec l'appui de l'opposition officielle et de Québec solidaire, la centrale a présenté une pétition de 20 000 signatures en faveur de la modernisation de la loi anti-briseur de grève.

Pour Mme Carbonneau, les dispositions de la loi, adoptées en 1977, sont obsolètes, car elles ne tiennent pas compte des nouvelles technologies de communication.

De fait, en vertu de la loi actuelle, les briseurs de grève n'ont pas accès à «l'établissement physique» de l'entreprise en conflit de travail.

Or, les technologies ont évolué depuis 30 ans et aujourd'hui un pigiste peut traverser virtuellement la ligne de piquetage en travaillant chez lui par ordinateur, a soulevé la présidente de la CSN.

Maintenir tel quel le Code du travail contribue à donner un net avantage à certains employeurs qui parviennent à poursuivre leurs activités en laissant les travailleurs syndiqués ronger leur frein, a-t-elle résumé.

«Dans le cas du Journal de Montréal, c'est un employeur qui pose un geste arbitraire de foutre à la porte 253 personnes et qui ne sent aucune obligation de négocier», a soutenu Mme Carbonneau.

La CSN presse la nouvelle ministre du Travail, Lise Thériault, de présenter un projet dès cet automne afin de rétablir «l'équilibre» des rapports de force dans les relations de travail, soit l'esprit de la loi adoptée en 1977.

«On ne demande pas la lune, on ne demande pas de revoir l'économie générale du Code du travail, on demande tout simplement d'ajuster les dispositions de la loi pour qu'elle soit conforme à l'organisation du travail telle qu'elle se vit aujourd'hui», a expliqué la présidente de la centrale syndicale.