La chambre de commerce du Montréal métropolitain estime que le gouvernement Charest est trop généreux envers le projet d'un futur Colisée à Québec, qu'il s'engage à financer à 45%.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

«Quarante-cinq pour cent, c'est beaucoup. À Montréal, on a construit (le Centre Bell) avec le secteur privé», dit Michel Leblanc, président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, à La Presse Affaires.

Le dirigeant du principal regroupement du milieu montréalais des affaires a quitté sa réserve habituelle sur les projets à l'extérieur de son territoire afin de donner son avis sur un éventuel Colisée à Québec. «En général, nous ne commentons pas les projets de l'extérieur (de la région de Montréal), mais nous pensons que le gouvernement doit favoriser les projets d'infrastructure dans lesquels le privé joue un rôle important», dit Michel Leblanc.

La semaine dernière, le gouvernement Charest s'est engagé à payer 180 des 400 millions de dollars nécessaires à la construction d'un futur amphithéâtre multifonctionnel à Québec. La Ville de Québec paiera 10% du projet (40 millions) et demande au gouvernement fédéral d'acquitter le reste de la facture (180 millions).

Quelle partie du financement le secteur privé doit-il acquitter dans un projet d'envergure comme un futur Colisée? Michel Leblanc ne veut pas avancer de chiffre, mais il soumet l'exemple du projet de navette ferroviaire entre le centre-ville et l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, où l'opérateur Aéroports de Montréal (ADM) investira 33% des 600 millions. Le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada paieront le reste de la facture. «ADM n'est pas une société dont le but est de faire des profits, mais c'est une société privée qui verse des gros loyers et des grosses taxes à Ottawa, dit Michel Leblanc. Dans ce projet, l'entreprise privée qui opérera la navette assumera le tiers des coûts.»

Des doutes

Le président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain doute des conclusions d'Ernst&Young, qui a remis un rapport sur la rentabilité d'un nouveau Colisée aux différents ordres de gouvernement la semaine dernière. Selon Ernst&Young, un nouveau Colisée générerait des profits annuels de 1 million de dollars par année sans équipe de la LNH et de 1,14 million de dollars par année avec une équipe de la LNH.

Ernst&Young base ses calculs sur un bassin de 9 millions de clients. La région de Québec et de Chaudière-Appalaches ne compte que 1,1 million de personnes, mais Ernst&Young inclut dans ses calculs la population de l'est du Québec, des États américains voisins et des provinces canadiennes voisines. «Est-ce que le bassin de population à Québec est suffisant pour rendre le projet rentable? J'ai été surpris d'entendre que le marché du futur Colisée était estimé à 9 millions de personnes. Je vois rarement ces chiffres pour Montréal», dit Michel Leblanc.

La chambre de commerce du Montréal métropolitain se dit favorable à la venue d'une équipe de la LNH à Québec. «D'entrée de jeu, nous sommes favorables au retour des Nordiques, dit Michel Leblanc. Nous nous inquiétons seulement que le projet soit seulement soutenu par l'État. Comme exemple, nous n'avons qu'à penser au Stade olympique qui n'a jamais été rentable et qui a toujours été soutenu par l'État.»