Le prix excessif du permis de taxi écrase le nouveau propriétaire. C'est pourtant le rêve du chauffeur locataire de sa voiture.

Vous voulez acquérir un permis de taxi à Montréal? Vous devrez investir autant que pour l'achat d'une petite maison... sans même compter la voiture.

À Montréal, un permis de taxi pour la zone centrale se transige présentement aux environs de 190 000$. Une (relative) aubaine: dans le secteur ouest, plus rentable, il coûte 220 000$.

Une petite explication s'impose ici.

Au contraire de Toronto ou New York, les compagnies où vous appelez pour demander une voiture - Taxi Diamond, Coop, etc. - ne possèdent aucun taxi. Ce sont des centrales de service, qui offrent la réception et la répartissions des appels aux propriétaires de permis de taxis qui leur sont affiliés.

Le nombre de permis de taxis - un par voiture - est limité par règlement. On en compte présentement 4442 dans l'île de Montréal, qui sont détenus par 3791 propriétaires différents. Ils peuvent en détenir jusqu'à 20 chacun, mais quelque 3600 d'entre eux ne possèdent qu'un seul permis, et conduisent habituellement eux-mêmes leur voiture.

Or, Montréal compte présentement 10 702 permis de chauffeurs valides, soit deux fois plus que de permis de taxis. Résultat, la majorité des chauffeurs louent une voiture auprès des propriétaires de permis, au coût d'environ 70$ pour une demi-journée.

C'est justement pour aider les chauffeurs-locataires à acquérir ce précieux et rare permis que FinTaxi a été fondée en 2003. Jusqu'à présent, elle a accordé 3300 prêts pour l'achat de permis ou de voitures.

«Il y a un effet de lunettes roses et de pensée magique dans le taxi», déplore cependant son président Serge Masse. «Il y a des gens qui ont payé 220 000 ou 225 000$ et qui se sont retrouvés en difficulté financière. C'est trop cher payé et ça ne se rentabilise pas.»

Selon l'évaluation économique effectuée par FinTaxi, un permis de taxi à Montréal vaut 165 000$. «La demande vient de gens qui arrivent à Montréal et qui veulent légitimer leur citoyenneté, poursuit Serge Masse. Ils s'achètent une job.»

Et toute une job! La semaine de travail normale est de six jours de 12 heures. Les 100$ premiers dollars gagnés dans la journée servent à payer les frais et l'essence. FinTaxi estime qu'un chauffeur gagne l'équivalent d'un salaire de 30 000 à 35 000$ par année.

«Fréquemment, ces temps-ci, le taxi arrive kif-kif ou fait 20$ ou 30$ de surplus», déplore Dory Saliba. «Beaucoup de gens dernièrement ont quitté le milieu parce qu'il n'y a pas beaucoup de travail et que ça ne rapporte pas.»