Après trois ans d'idylle, le Québec a perdu son statut de chouchou auprès des investisseurs miniers. La récente hausse des redevances minières dans la province a braqué l'industrie et fait dégringoler le Québec en troisième place mondiale, laissant la position de tête à l'Alberta.

C'est ce que nous apprend l'Institut Fraser dans une mise à jour semi-annuelle du sondage qu'il mène chaque année auprès des entreprises minières pour connaître leurs territoires préférés.

«Après avoir désigné le Québec comme meilleur endroit du monde pour l'investissement minier pendant trois années consécutives, il semble que la confiance des sociétés minières à l'égard de la province ait été ébranlée par l'augmentation des droits miniers, annoncés sans consultations préalables dans le budget du gouvernement québécois le printemps dernier», affirme Jean-François Minardi, analyste principal aux politiques publiques à l'Institut Fraser.

Dans son dernier budget, le ministre Bachand a en effet annoncé que les redevances minières passaient de 12 à 14% et qu'elles atteindraient 16% d'ici deux ans.

Cette décision faisait suite à un rapport accablant du vérificateur général, qui pointait le laxisme du gouvernement à l'égard de l'industrie minière et dénonçait le fait que les avantages fiscaux consentis aux entreprises surpassent systématiquement les redevances versées.

Mais l'industrie minière affirme que cette hausse a créé une «onde de choc» dans le milieu.

«Les gens ne sont pas en désaccord avec la réglementation, au contraire: ils aiment quand les règles sont prévisibles», plaide André Lavoie, porte-parole de l'Association minière du Québec.

«Il se peut que des redevances plus élevées ne soient pas un handicap à long terme - ça, on le verra plus tard. Le problème, c'est surtout la forme: le fait d'avoir des annonces un peu surprenantes, ou le climat d'opposition à l'industrie minière qu'on sent dans la province», dit aussi M. Minardi.

Selon M. Lavoie, le fait que le Québec soit détrôné de sa première place ne fera pas fuir les entreprises qui sont déjà établies ici. Il croit toutefois que celles qui étudient leurs options pourraient «regarder le Québec avec un bémol qui n'était pas là avant».

Tant l'Institut Fraser que l'industrie pointent aussi le projet de loi 79 comme l'autre cause ayant entraîné la chute de popularité du Québec.

Ce projet de loi, dont les consultations reprendront la semaine prochaine, propose entre autres d'augmenter les garanties financières que versent les sociétés minières pour la restauration de leurs terrains et de soumettre tous les projets miniers à des consultations publiques.

Encore une fois, il fait écho à certains problèmes soulevés par le vérificateur général au printemps 2009.

Le Québec est loin d'être la seule juridiction à en avoir pris pour son grade dans le sondage. L'Australie, qui a jonglé cette année avec l'idée d'une «super taxe» sur les profits miniers avant de l'écarter, a vu sa situation se détériorer bien davantage.

Après l'Alberta, c'est la Finlande qui remporte la faveur des investisseurs dans le classement de l'Institut Fraser. Le Yukon, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador figurent aussi dans le top 10.