Une investisseuse du Kenya, en Afrique, tente de prendre possession d'une immense forêt dans les Laurentides à titre de dédommagement pour un placement aux Bermudes qui a mal tourné. Le placement était géré par le financier Hans Peter Black, de Westmount.

Cette affaire a été révélée dans une requête déposée en Cour supérieure, à Montréal, au début de la semaine dernière. La forêt est située à Saint-Rémi-d'Amherst, dans les Laurentides, et longe la route 323.

Il y a quelques années, Regula Dobie, résidante de Nairobi, au Kenya, a fait un placement de 5 millions US dans la société Interinvest (Bermuda), située dans le paradis fiscal des Bermudes. Interinvest (Bermuda) est gérée par Hans Peter Black, qui est également propriétaire à 20% de la société.

L'investissement a tourné au vinaigre et Mme Dobie tente par tous les moyens de se faire rembourser. Selon la requête, Regula Dobie a eu gain de cause devant le tribunal de première instance des Bermudes, en 2009. La Cour a alors sommé Interinvest (Bermuda) de lui rembourser ses 5 millions US avec intérêts.

Hans Black a porté l'affaire en appel aux Bermudes, mais pour ce faire, il devait donner en garantie des actifs d'une valeur équivalente à la somme en jeu. Le gestionnaire a alors offert cette forêt des Laurentides de plusieurs centaines d'acres (un acre équivaut à un terrain de football).

À la mi-juin 2010, Interinvest a perdu sa cause en appel aux Bermudes, selon ce qu'indique la requête à Montréal. Regula Dobie tente donc de faire reconnaître les recours des Bermudes au Québec et de prendre possession des terrains.

Hans Peter Black est souvent cité par des médias financiers réputés, dont le Barron's et le Financial Times. Il est le propriétaire unique de Conseillers Interinvest Corporation du Canada, firme de gestion de portefeuille privé qui est en affaire au Québec depuis 1983. Le siège social d'Interinvest Canada est situé rue Redpath, à Westmount.

Interinvest tire son origine de l'entreprise familiale fondée en 1948 à Zurich, en Suisse, est-il indiqué sur le site internet de l'entreprise. Aujourd'hui, la société dit offrir des services au Canada, aux États-Unis et en Suisse.

Regula Dobie n'est pas la seule à avoir éprouvé des problèmes avec son investissement dans Interinvest (Bermuda). En 2008, l'homme d'affaires suisse Rolf G. Herzog a poursuivi Hans Black au Québec pour des raisons similaires, et lui réclamait 2,3 millions US.

Essentiellement, M. Herzog dit être incapable de récupérer son argent, investi dans le fonds HedgeHog par l'entremise d'Interinvest (Bermuda). Des problèmes de liquidités, lui a-t-on expliqué, seraient attribuables au fait que HedgeHog a pris une grosse position dans une société techno de Californie appelée Wi2Wi. Cette société devait être inscrite en Bourse, ce qui n'a pas été le cas.

Par ailleurs, Interinvest Canada a reçu une pénalité administrative de 22 380$ l'an dernier à la suite d'une poursuite de l'Autorité des marchés financiers (AMF) pour non-respect des règles de capitalisation. Essentiellement, Interinvest Canada avait inclus dans le calcul de son fonds de roulement une avance de 8,5 millions US d'Interinvest (Bermuda) pour les années 2004 à 2007 sans l'autorisation de l'AMF.

Nous avons laissé des messages aux bureaux de Hans Peter Black, à Westmount, mais personne n'a rappelé La Presse Affaires.