La saison de golf 2010 a beau être meilleure que la précédente, le golf n'a plus l'élan qu'il avait il y a cinq ans. Plusieurs clubs ont enregistré une baisse de leur clientèle durant cette période. Et les coûts augmentent.

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Après une saison 2009 tombée à l'eau en raison des pluies et de la récession, l'été 2010 a de quoi réjouir les clubs de golf de la province. Cette fois, le début de saison hâtif a permis aux clubs de se bâtir un coussin statistique.

Au Parcours du Cerf, à Longueuil, on était prêt à accueillir les golfeurs dès le 1er avril, trois semaines plus tôt qu'à l'habitude. Cela a représenté quelque 4000 golfeurs de plus.

Propriétaire du club de Verchères, Carmelo Rizzo est aussi encouragé par l'amélioration du nombre de golfeurs cette année. «On remonte la pente, mais ce n'est pas comme il y a cinq ans», dit-il. De son côté, le directeur du Parcours du Cerf, Serge Sévigny, estime avoir connu une baisse d'environ 3 à 5% de sa clientèle en cinq ans.

Que s'est-il passé? «L'économie, j'imagine», répond M. Rizzo.

«La crise économique a réduit l'achalandage», constate Alain Gagnon, directeur du club d'Acton Vale. Les tournois, qui assurent de bons revenus, sont toujours aussi nombreux (de 75 à 80 par année) à Acton Vale, mais le nombre moyen de participants a diminué, explique-t-il.

La récession est terminée, mais «les golfeurs ne sont pas tous revenus» sur les terrains, observe Carmelo Rizzo. «Les gens sont plus réservés dans leurs dépenses», concède quant à elle la présidente de l'Association des terrains de golf du Québec (ATGQ), Ève Gaudet.

Mais la crise économique n'est pas la seule à blâmer. Entre 2004 et 2007, le nombre de rondes de golf jouées au Québec avait diminué de 4,2%, selon les données les plus récentes fournies par l'ATGQ.

Il semble que, sur les tertres de départ, les jeunes ne prennent pas entièrement la place laissée par les golfeurs plus âgés qui doivent ralentir le rythme. «Les jeunes sont là, dit Mme Gaudet. Mais ils n'ont pas la même fréquence de jeux que les baby-boomers.»

Hausse des coûts, guerre de prix

Le prix des engrais, par contre, ne connaît pas de baisse. Les coûts ont augmenté du tiers dans les deux ou trois dernières années, ont indiqué des directeurs de clubs à La Presse Affaires.

«On demande des soumissions à tous nos fournisseurs, mais ils sont tous dans le même bateau, souligne Jérôme Cloutier, directeur général du club Bois-Francs, à Princeville. On nous explique que la Chine a une énorme demande pour les fertilisants à base d'azote.»

Mais les golfeurs, qui voient semaine après semaine les magnifiques terrains foulés par les professionnels, sont exigeants. «Les golfeurs veulent de superbes conditions, note Alain Gagnon. On doit mettre des fongicides et ça coûte encore plus cher.»

Dans le contexte actuel, les clubs n'ont d'autre choix que d'absorber les hausses. «On ne peut pas refiler l'augmentation aux clients, sinon ils se dirigeront vers d'autres activités, dit M. Cloutier. On veut plutôt qu'il y ait plus de monde pour compenser.»

Même son de cloche à Verchères. «On ne peut pas hausser les prix, dit Carmelo Rizzo. On se bat pour les golfeurs.»

La concurrence est en effet très forte entre les quelque 360 clubs de golf de la province.

«C'est plus difficile qu'avant, dit Alain Gagnon. Et les gens magasinent des prix. Ils appellent pour savoir quand on offrira des soldes. On ne voyait pas ça avant.»

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EN CHIFFRES

361

Clubs de golf au québec (2008)

1 million

Nombre de golfeurs jouant au moins une ronde par année

8,6 millions

Rondes de golf jouées en 2007

Source: Association des terrains de golf du Québec

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LA FOLIE MÉTÉO

Ce n'est pas tant la météo que les prévisions météo qui font mal aux clubs de golf, soutient le directeur du club Acton Vale, Alain Gagnon. «C'est un danger pour les clubs de golf, s'est-il exclamé. On annonce des probabilités de précipitations de 40 à 60% et les gens ne se présentent pas. On annonçait de la pluie en fin de semaine dernière et il a fait très beau. Pourquoi ne pas expliquer aux gens ce qu'il en est? Il y a des gens qui deviennent fous aussitôt qu'ils voient 40%.»