Le gouvernement du Québec a investi 40 millions de dollars canadiens (30 millions d'euros) cette semaine dans l'éditeur français de jeux vidéo Ubisoft, suscitant vendredi la grogne de son concurrent britannique Eidos.

Le gouvernement détient désormais 4,5% des actions Ubisoft, acquises par le biais de la Société générale de financement du Québec (SGF), une société d'État gérant 2,9 milliards de dollars (2,1 milliards d'euros) d'actifs.

«On a eu une opportunité d'acquérir 4,3 millions d'actions d'Ubisoft et suite à des analyses de dossier, on a convenu que c'était un très bon investissement», a déclaré vendredi à l'AFP Sophie Alarie, porte-parole de la SGF.

«C'est important de soutenir et favoriser la croissance d'Ubisoft car ils ont un excellent plan de développement», a ajouté la porte-parole de la SGF. «Quand on pense à leur pôle de convergence entre le cinéma et le jeu, c'est tout à fait innovateur».

«Nous sommes une société d'État mais tout de même distincte, alors on investit dans quatre secteurs et le groupe technologie en fait partie. On a été mis sur pieds pour soutenir et alimenter le développement économique du Québec et je crois que c'est tout à fait en ligne avec notre mission d'investir dans une société comme Ubisoft qui a des retombées économiques fortes au Québec», a-t-elle poursuivi.

Cette prise de participation du gouvernement québécois n'a pas plu à tout le monde.

«On devrait être traités plus équitablement», a réagi dans une entrevue au Journal de Montréal le directeur général du studio montréalais d'Eidos, Stéphane D'Astous.

«Je ne dis pas que le gouvernement (québécois) ou les sociétés d'État devraient nous donner la même chose, mais il y a une limite», a ajouté le responsable du britannique, filiale du japonais Square Enix et concurrent d'Ubisoft, comme les américains Activision Blizzard et Electronic Arts.

La porte-parole de la SGF s'est abstenue de rentrer dans le débat.

«Je peux comprendre que certains acteurs de l'industrie se questionnent, c'est légitime, mais je n'ai aucun commentaire à faire», a-t-elle dit. «La porte est toujours ouverte» aux autres acteurs pour des demandes d'investissements.

Cinquième pôle mondial pour les jeux vidéos, grâce notamment à la politique québécoise d'allègement fiscal pour cette industrie, Montréal abrite des studios des grands acteurs du marché.

Installé dans la métropole québécoise depuis 1997, Ubisoft y emploie ainsi quelque 2 300 personnes et projette d'en recruter 1 000 autres d'ici 2012.

L'éditeur français développe depuis trois ans des interactions entre le 7e art et le monde des consoles, adaptant en jeux vidéos des productions hollywoodiennes, tel Avatar, ou réalisant des films cinématographiques à partir de certains de ses jeux.