Les banderoles «Nous embauchons» ont refleuri avec le printemps dans les entreprises installées autour de Montréal, Laval et Québec. Après une pause due à la récession, la chasse à la main-d'oeuvre a repris dans les régions. Mais le gibier risque de se faire plus rare à mesure que la croissance économique reprendra de la vigueur. De plus en plus d'entreprises en sont réduites à embaucher de la main-d'oeuvre étrangère temporaire, pas seulement pour la cueillette des fruits et légumes. Sont-ce les premières manifestations de la pénurie de main-d'oeuvre annoncée?

C'est dans les régions que ça se passe, selon le Conference Board qui a publié hier une étude sur les perspectives d'emplois au Canada.

L'organisme de recherche indépendant, qui suit à la trace 79 sites d'offres d'emplois au Canada, a identifié en juin une vigueur du marché de l'emploi hors des grands centres urbains du pays.

Au Québec, par exemple, les perspectives d'emploi sont à la baisse à Québec et Montréal, mais en hausse à Trois-Rivières et au Saguenay.

Il y a toujours au Québec 8% de chômeurs, selon Statistique Canada. Le taux est toutefois beaucoup plus bas dans certaines régions, comme le Centre du Québec (5,6%), la région de Québec (5,6%) et Chaudière-Appalaches (5,9%).

«Trouver la main-d'oeuvre dont on a besoin dans les milieux ruraux et semi-ruraux est un problème», confirme Laurent Lampron, de la Conférence régionale des élus de la région Chaudière-Appalaches.

Il n'est pas question uniquement de travailleurs hautement spécialisés ou avec des compétences particulières qui sont difficiles à trouver partout dans le monde. On parle aussi de journaliers, de représentants des ventes ou de manutentionnaires, qui deviennent de plus en plus difficiles à recruter dans les régions.

L'absence de transports en commun, le manque de logements locatifs et les salaires trop bas expliquent en partie pourquoi les sans-emploi et les immigrants boudent les emplois disponibles en régions.

La population de la région de Chaudière-Appalaches a un revenu personnel par capita parmi les plus bas au Québec. Le coût de la vie plus bas à la campagne, c'est une illusion, selon Laurent Lampron, qui explique que l'attrait du prix plus bas des maisons a disparu avec la récente flambée du marché immobilier.

«Ça ne coûte pas moins cher de vivre à Saint-Georges de Beauce qu'à Laval», affirme-t-il.

Dans la région, les élus travaillent fort pour trouver des solutions à la pénurie de main-d'oeuvre. Freiner la migration des jeunes vers la ville et puiser dans le bassin de chômeurs de 55 ans et plus font partie de ces solutions, selon Laurent Lampron.

Attirer des immigrants aussi, mais la plupart des régions ne se font pas d'illusion. Bien peu de nouveaux arrivants choisissent de quitter la grande ville où ils peuvent profiter d'un réseau économique et social.