L'Autorité des marchés financiers (AMF) a bloqué la vente de l'entreprise québécoise Véhicules Nemo, qui construit des camionnettes électriques, à une obscure firme américaine.

Nemo a fait parler d'elle au cours des derniers mois après avoir vendu des camionnettes aux administrations municipales de Montréal et de Sherbrooke, au coût d'environ 30 000 $ chacun. La Défense nationale et la Ville de Québec songeaient également à en acquérir.

Or, voilà que le 17 juin, les actionnaires de Nemo ont été convoqués à une assemblée extraordinaire pour approuver la vente des actifs de l'entreprise lavalloise à Alternative Green Technologies, une minuscule compagnie installée à Long Island, en banlieue de New York.

L'AMF est intervenue parce que certains dirigeants de Nemo faisaient pression sur des actionnaires afin d'obtenir leur accord pour la transaction sans que ceux-ci aient accès «à tout l'information pour prendre une décision éclairée», a indiqué l'organisme réglementaire dans un communiqué publié lundi.

Le Bureau de décision et de révision en valeurs mobilières a donc prononcé, le 17 juin, des ordonnances de blocage et des interdictions d'opérations concernant Véhicules Nemo. Le Bureau a en outre empêché le directeur général de l'entreprise, Jacques Rancourt, et les administrateurs Guylain Pelletier, Michel Noreau et Michel Duquette d'autoriser la vente des actifs à Alternative Green.

Selon l'AMF, les dirigeants et administrateurs de Nemo auraient proposé des titres de l'entreprise à des investisseurs sans être inscrits et sans avoir déposé de prospectus. De plus, ils n'auraient pas respecté un engagement souscrit auprès de l'AMF à l'effet de cesser ces activités.

L'enquête de l'AMF a permis d'identifier 167 investisseurs qui auraient injecté pas moins de 4,1 millions dans Nemo au fil des années.

L'organisme réglementaire met en doute la capacité financière d'Alternative Green de se porter acquéreur des actifs de Nemo, puisqu'au 31 mars 2009, ses propres actifs étaient fort modestes, se limitant à la somme de 6609 $ US et à un logiciel comptable.

Les actions d'Alternative Green sont échangées aux États-Unis sur les Pink Sheets, un système électronique d'échange de titres de gré à gré. Le volume de transactions sur le titre d'Alternative Green est toutefois faible.

Le 1er juillet, dernier jour où des transactions ont eu lieu sur l'action d'Alternative Green, le titre a clôturé à trois cents US, ce qui donnait à l'entreprise une valeur boursière d'à peine 14 300 $ US.