Depuis la fin du moratoire sur les porcheries, en 2005, chaque projet de porcherie doit s'accompagner d'une présentation publique. Mais à Saint-Louis-de-Gonzague, cette présentation, qui a eu lieu le 25 mai dernier devant une cinquantaine de personnes, ne semble faire l'affaire ni des opposants ni du promoteur.

«C'est un exercice qui n'est pas tellement utile, dit une citoyenne de Saint-Louis très engagée dans le dossier. Les citoyens sont mis devant le fait accompli. Le gouvernement dicte l'autorisation, et les municipalités sont prises avec ça.»

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

De son côté, le promoteur Richard Billette doute que cette consultation soit une bonne idée. «Les gens ne veulent pas nous entendre, ils veulent seulement nous prendre en défaut. Je ne suis pas capable de m'y exprimer. Si on se parlait, si on s'expliquait, ça porterait des fruits. Ils ne veulent pas parler avec nous positivement.»

Bref, la présentation publique, dans le cas de Saint-Louis, n'a pas vraiment permis de réconcilier les positions.

56 certificats depuis 2005

C'est en 2002, devant la forte pression citoyenne, que le ministre de l'Environnement de l'époque, André Boisclair, a imposé un moratoire sur les nouvelles exploitations porcines. «C'était le temps que les esprits se calment et le temps de trouver des solutions de cohabitation», explique Daniel-Mercier Gouin, professeur en agroéconomie à l'Université Laval.

Le gouvernement a levé le moratoire en décembre 2005 en instaurant de nouvelles normes et un nouveau processus. Avec l'avènement des présentations publiques, Daniel-Mercier Gouin estime que les levées de boucliers contre les projets de porcherie ne sont plus aussi systématiques. «Mais c'est sûr que personne ne souhaite avoir une porcherie qui s'installe dans son voisinage.»

Depuis la fin du moratoire, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) a remis 56 certificats d'autorisation pour de nouvelles porcheries. Ni le MDDEP, ni le ministère de l'Agriculture, ni la Financière agricole, ni la Fédération des producteurs de porcs n'ont été en mesure de nous indiquer le nombre exact de projets qui ont effectivement vu le jour. Une revue de presse rapide a permis de trouver au moins une dizaine de projets qui ont suscité une opposition citoyenne.

Jean-Guy Vincent, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, soutient que l'opposition aux porcheries n'est pas différente de l'opposition aux éoliennes, aux barrages, aux terrains d'enfouissement. «Mais il faut aussi qu'on comprenne que les normes et règlements auxquels sont soumis les producteurs québécois sont sévères, et c'est correct qu'il en soit ainsi.»

Porcherie: mode d'emploi

Pour aller de l'avant avec un projet de porcherie qui dépasse un seuil équivalant à environ 800 porcs, un promoteur doit obtenir un certificat d'autorisation du MDDEP.

Le Ministère s'assure notamment que le projet est conforme au règlement municipal. Il analyse également le plan agroenvironnemental de fertilisation, c'est-à-dire le plan d'épandage du lisier.

«Le plan doit démontrer que l'exploitant a toutes les terres disponibles et que l'épandage ne dépassera pas les besoins des plantes ni la capacité de réception des terres», explique Daniel Leblanc, directeur adjoint du MDDEP pour la Montérégie.

Après la présentation, la municipalité peut exiger cinq mesures d'atténuation, par exemple le recouvrement de la fosse à purin ou l'augmentation des distances qui séparent les zones d'épandage des cours d'eau ou des maisons.

Mais la municipalité ne peut pas interdire de remettre un permis, à moins qu'elle ait déjà atteint le maximum de production porcine qui lui a été attribué par la MRC. «Comme on s'assure que le projet ne contrevienne pas au règlement municipal, on voit mal comment la municipalité pourrait refuser de remettre le permis», note M. Leblanc.