Pour maintenir le paquebot à flot, les Québécois devront se résoudre à absorber une nouvelle hausse du coût de l'assurance parentale à compter du 1er janvier 2011.

Annoncée vendredi, l'augmentation de 6,25% est la quatrième majoration annuelle successive des taux de cotisation du régime, après celles de 4,5% en 2010, 7,5% en 2009 et 8% en 2008.

Dans le cas d'un salarié ayant un revenu annuel de 40 000$, l'ajustement des taux de cotisation en 2011 représentera une charge supplémentaire de 12,40$ par année.

Selon le Conseil de gestion de l'assurance parentale (CGAP), les cotisations perçues seront suffisantes pour couvrir les coûts d'opération annuels du régime à partir de 2012, mais l'équilibre n'est pas à portée de main.

Le déficit du programme, selon les prévisions, devrait osciller autour de 440 millions $ en 2014.

Pour le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, le régime québécois d'assurance parentale est néanmoins une grande réussite puisqu'il a permis, depuis sa mise en oeuvre en 2006, de redresser la pente démographique.

Le plus haut taux de natalité au Canada

«Le régime est victime de son succès. Nous avons le plus haut taux de natalité au Canada, nous avons dépassé la moyenne canadienne pour la première fois en 30 ans. Nous attendons 90 000 naissances en 2010 et les pères utilisent de plus en plus le régime», a dit M. Hamad, en entrevue à La Presse Canadienne.

De fait, l'Indice synthétique de fécondité (ISF) du Québec était de 1,74 en 2009, une nette progression comparativement au taux de 1,54 en 2005. L'ISF représente le nombre moyen d'enfants par femme en âge de procréer.

Entre 2005 et 2009, la croissance des naissances a bondi de 16% au Québec, contre 9,8% dans le reste du pays.

En dépit des hausses successives de cotisations, le régime québécois demeure une bonne affaire, a soutenu M. Hamad.

«Même avec les augmentations, on paie moins que ce qu'on payait en 2005», a fait valoir le ministre, faisant référence à l'ancien programme de prestations de maternité du gouvernement fédéral.

Le Conseil du patronat du Québec grogne

Reste que la nouvelle facture refilée aux Québécois suscite la grogne du Conseil du patronat du Québec (CPQ).

Alors que le gouvernement s'engage à réduire ses dépenses, il annonce aux employeurs qu'ils devront payer encore davantage pour combler un gouffre financier, a réagi le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval.

«On ne veut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, bien au contraire, mais est-ce qu'on a besoin d'autant de bénéfices pour atteindre nos objectifs? Est-ce que les gens vont cesser de faire des enfants si on réduit un peu le nombre de semaines (assurables) ou le pourcentage du revenu?», a soulevé M. Dorval.

L'an dernier, plus de 126 000 personnes ont profité d'une prestation d'assurance parentale pouvant atteindre près de 580$ par semaine. Depuis son entrée en vigueur en 2006, 465 000 parents ont bénéficié du programme.

Pour l'année en cours, le montant des cotisations déposées au Fonds d'assurance parentale sera d'un peu plus de 1,6 milliard $.