Tandis que la dette de plusieurs pays membres de la zone euro inquiète les investisseurs et excite les spéculateurs, des tensions politiques menacent à leur tour la reprise durable de la croissance économique mondiale.

Ces perspectives seront au coeur des travaux de la 16e Conférence de Montréal qui démarre aujourd'hui sur le thème «Innover pour réussir dans un nouveau marché global».

«Les participants vont chercher à obtenir le maximum d'informations possible», confie en entrevue Gil Rémillard, président-fondateur du Forum économique international des Amériques, surnommé affectueusement le Davos, PQ.

«On sort lentement de la récession et on assiste à un réalignement des forces commerciales d'échange», ajoute M. Rémillard.

Comme c'est devenu la tradition, le gotha politique, économique et financier des quatre coins du monde fera part de ses réflexions souvent divergentes, qui par des allocutions, qui par des échanges à l'intérieur d'un groupe de discussion.

Le coup d'envoi sera donné par Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, Alan B. Kruger, économiste en chef au département du Trésor des États-Unis et Haruhiko Kuroda, président de la Banque asiatique de développement.

«La première récession globale amène des repositionnements: l'influence de l'Union européenne et des puissances émergentes n'est plus la même, tandis que l'Amérique du Nord paraît mieux amorcer sa reprise», observe M. Rémillard.

Précédant le sommet du G20 de Toronto de quelques jours, la Conférence fera aussi la part belle à la réglementation financière.

L'Allemagne et la France n'étaient pas au diapason quand la Banque centrale européenne a décidé d'acheter des obligations souveraines sur le marché secondaire le mois dernier. Ces tensions dans la zone euro sont telles que le président du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a annulé in extremis l'intervention qu'il devait faire. «Il nous a informés qu'il devait consacrer toutes ses énergies à la zone euro», précise M. Rémillard.

Il est remplacé au pied levé par Jochen Sanio, président de l'autorité allemande des marchés financiers. L'Allemagne a surpris les marchés récemment en interdisant les ventes à découvert à nu sur plusieurs titres. Au même atelier, Rick Ketchum, chef de la direction de la Financial Industry Regulatory Authority des États-Unis, commentera l'état actuel de la réforme de la réglementation américaine, si d'aventure l'en enjoint l'animatrice Leigh Gallagher, rédactrice en chef de Fortune.

Faut-il ou non taxer les banques? Telle est la question à laquelle devront répondre Christian Noyer, président de la Banque de France et de la Banque des règlements internationaux (Bâle), et Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, sous l'oeil intéressé du ministre canadien des Finances, Jim Flaherty, appelé à formuler les commentaires de conclusion du premier déjeuner-causerie.

Le Forum des Amériques ne porterait pas son nom sans que la question du Nouveau Continent ne soit spécialement abordée.

«Il y a 10 ans, on avait un rêve, celui de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), rappelle M. Rémillard. Après les réticences d'Hugo Chavez (Venezuela) et d'Evo Morales (Bolivie), le Canada et les États-Unis ont préféré signer des ententes bilatérales de libre-échange. Les dangers du protectionnisme et des régionalismes pourraient émerger», indique M. Rémillard.

L'Amérique latine a des atouts. Outre la puissance émergente du Brésil, il reste son bassin de richesses naturelles, de plus en plus convoité.

En plus de l'intervention toujours attendue de Luis Alberto Moreno, président de la Banque interaméricaine de développement, la journée de mercredi verra aussi défiler l'ancien président du Mexique Vicente Fox et l'ancien président de la Réserve fédérale américaine Paul Volcker. Il sera question des nouveaux équilibres mondiaux.

Un autre atelier piquera la curiosité: le rapprochement entre l'Amérique latine et le Moyen-Orient.

La journée se terminera par l'intervention spéciale de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères et européennes.

En plus de consacrer sa journée de demain au développement durable, la Conférence traitera jeudi de l'essor de la consommation en Chine et des perspectives de la médecine.

Le programme complet de la Conférence peut être consulté à www.conferencedemontreal.com