Applaudissements à Toronto. Huées à Montréal et Calgary. Le dépôt du projet de commission unique des valeurs mobilières n'a pas réservé de grandes surprises, hier, mais il a confirmé les «pires craintes» de ses opposants.

«Il n'y a rien de nouveau, mais ça confirme que le ministre s'était déjà fait une idée», a dénoncé Françoise Bertrand, porte-parole d'une coalition de détracteurs incluant de gros noms comme Cascades, Quebecor, Jean Coutu et la Caisse de dépôt.

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Les opposants au projet d'une commission unique s'inquiètent de voir l'industrie financière du Québec - et surtout de Montréal - très affaiblie si les pouvoirs de régulation des marchés sont centralisés vers Toronto. La province francophone, tout comme l'Alberta, est d'ailleurs prête à se battre jusqu'aux plus hautes instances juridiques.

Le secteur financier fournit aujourd'hui 155 000 emplois directs et 300 000 indirects au Québec, selon les estimations de la coalition. Montréal détient environ la moitié des jobs.

En plus de détruire des emplois, la création d'une commission unique réduira les leviers offerts pour le développement économique du Québec, dénoncent ses détracteurs. Des institutions comme la Caisse de dépôt et Desjardins n'auraient peut-être jamais vu le jour sans l'autonomie de la province à cet égard, a laissé entendre Françoise Bertrand.

«Pour nous, cette proximité est extrêmement importante parce qu'elle amène une compréhension des enjeux et des réalités beaucoup plus vibrante que s'il faut toujours prendre le train, l'avion ou la 401 pour aller s'expliquer à Toronto», a-t-elle lancé.

Flou

Si l'annonce faite hier par le ministre Flaherty contenait peu de nouveautés, elle a tout de même jeté de nouvelles zones d'ombres, selon Jean Saint-Gelais, président de l'Aurorité des marchés financiers (AMF). «Ce qui est inquiétant, c'est que le projet fédéral est complètement silencieux complètement sur ce qui va arriver aux provinces qui n'y participeront pas», a-t-il dénoncé à La Presse Affaires.

Les «pires craintes» de l'AMF se sont matérialisées avec le dépôt de ce projet, a ajouté M. Saint-Gelais.

Malgré la grogne au Québec et en Alberta, la communauté financière de Bay Street a applaudi à tout rompre hier. Même si rien n'est confirmé pour l'instant, la plupart des observateurs s'attendent à ce qu'une éventuelle commission unique s'installe à Toronto.

Le président de la Banque Scotia, Rick Waugh, a dit dans un communiqué «appuyer fermement» la démarche du ministre Flaherty. L'Association des banquiers canadiens a pour sa part salué «la persévérance dont fait preuve le gouvernement dans cet enjeu économique important».

L'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières a elle aussi donné son appui à la création de l'Organisme de réglementation des valeurs mobilières, soulignant que cela améliorera «l'intégrité» des marchés.