La Caisse de dépôt et placement du Québec refuse mordicus que la lumière soit faite sur les pertes financières records de 40 milliards $ enregistrées par l'institution en 2008.

Le passé est le passé, selon le président de la Caisse, Michael Sabia, et «ce qui compte, c'est l'avenir», a-t-il dit mardi, en point de presse, en marge de la commission parlementaire qui étudie le rapport annuel 2009 de l'organisme.

«Mon objectif est de créer une organisation pour l'avenir du Québec, et moi, je ne m'intéresse pas aux événements de 2007 et 2008», a dit M. Sabia, en point de presse.

Devant les parlementaires, il est allé plus loin, en affirmant qu'une telle enquête deviendrait «un problème majeur», voire «parmi les pires choses» qu'on puisse imaginer, au moment où la haute direction tente de «créer un environnement de performance» au sein de l'organisation.

La direction de la Caisse s'est affairée, par ailleurs, à minimiser l'importance de son acquisition de titres d'une valeur de 107 millions $ de la pétrolière britannique BP, associée au désastre écologique survenu il y a un mois dans le golfe du Mexique.

Aux yeux du député de Shefford, l'adéquiste François Bonnardel, il s'agit pourtant là d'une contribution «majeure», mais à ceux du premier vice-président de la Caisse, Roland Lescure, elle demeure «marginale», soit «moins du dixième d'un pour cent» des actifs totaux.

Sauf que pour l'opposition, voir l'argent de la Caisse investi dans BP ne contribue en rien à rétablir un climat de confiance envers l'institution, qui est en pleine restructuration à la suite des pertes de 25 pour cent de son actif, en 2008.

Quant à elle, l'opposition péquiste est revenue à la charge pour demander une enquête «élargie» sur ces pertes, dont celles de 13 milliards $ subies lors de l'achat de papier commercial adossé à des actifs non bancaires (PCAA).

A elle seule, la Caisse avait acquis près de la moitié de ces quelque 30 milliards $ de PCAA contenant des produits financiers toxiques.

Le porte-parole de l'opposition officielle en institutions financières, Jean-Martin Aussant, s'est interrogé à savoir pourquoi la Caisse avait continué à acheter ces PCAA, «alors que la crise était presque à nos portes et qu'on savait où ça s'en allait».

Le PQ avait déjà dénoncé le fait que la Caisse avait acheté pour près de 900 millions $ de PCAA en août 2007, après avoir été prévenue de l'effondrement imminent de ce marché.

Déjà, l'an dernier, le PQ demandait une enquête du vérificateur général dans ce dossier.

Pressé de questions par les journalistes qui cherchaient à savoir pourquoi il s'opposait mordicus à une enquête, M. Sabia a dit qu'on ne pouvait rien changer à l'histoire et qu'il valait mieux regarder droit devant.

«Ce n'est pas intéressant. Ce n'est pas important à ce moment, dans la vie du Québec», a-t-il plaidé.

«Ce qui compte, c'est l'avenir. C'est bâtir une organisation forte», a ajouté M. Sabia, qui s'est dit très préoccupé par l'objectif de rebâtir un lien de confiance avec les déposants.

Le problème des PCAA a été réglé et la direction de la Caisse a tiré les leçons qui s'imposaient, a ajouté celui qui est en poste depuis plus d'un an.

Le ministre des Finances, Raymond Bachand, a abondé dans le même sens, tout en reconnaissant que la Caisse avait perdu beaucoup plus d'argent que les autres caisses de retraite du pays, sans qu'on sache trop pourquoi.

«On sait que la Caisse a fait des erreurs dans la gestion du risque. Ils ont perdu plus d'argent que les autres. On le sait, mais ça, c'était il y a deux ans», a-t-il dit, en point de presse, voulant lui aussi tourner la page.

Après cette crise financière majeure, la Caisse a enregistré un maigre rendement en 2009, soit 10 pour cent, une des pires performances des grandes caisses semblables au pays.