Ils étaient moins instruits, mais travaillaient plus.

En 1981, le taux d'emploi des immigrés était supérieur à celui des Canadiens de naissance vivant au Québec. Ce n'est plus le cas.

Selon une étude publiée hier par des chercheurs du Cirano, le taux d'emploi des immigrés, au recensement de 2006, était de 11,4 points inférieurs à celui des travailleurs nés ici.

Pire, plus ils sont instruits, plus l'écart se creuse. Ainsi, cette différence atteint 16 points pour les détenteurs d'un baccalauréat, selon des données calculées pour La Presse Affaires par un des auteurs de l'étude, Brahim Boudarbat.

«Quand ils sont scolarisés, c'est parfois difficile pour eux de s'adapter facilement. À l'inverse, les peu scolarisés ont peu d'attentes particulières», souligne M. Boudarbat.

Mais le chercheur ne croit pas que seuls les immigrés instruits soient responsables de leur situation. Ainsi, il se demande si la valeur des diplômes est aussi bonne partout sur la planète, si les employeurs d'ici savent évaluer cette valeur ou, encore, s'ils font preuve de discrimination.

De façon générale, note-t-il, les immigrés sont moins présents sur le marché du travail québécois qu'ailleurs au Canada. «Il serait aussi possible que, plus que la région d'origine, ce soit la religion, les traditions ou les facteurs culturels de la structure de famille qui ont une incidence sur la participation au marché du travail, surtout pour les femmes immigrantes», écrivent M. Boudarbat et Maude Boulet, qui cosigne l'étude.

Ils notent en effet que le taux d'emploi des femmes nées ici a fait un bond de 29 points entre 1981 et 2006, passant de 50,3% à 79,3%. Celui des femmes immigrées, pendant ce temps, est passé de 58,5% à 63,9%.

Pendant la même période, souligne le chercheur, le pays d'origine des immigrés a changé, la part de l'immigration européenne ayant été divisée par trois. «Ce sont des choix qui sont parfois faits par les femmes de ne pas se présenter sur le marché du travail», explique-t-il.

DES BACCALAURÉATS INÉGAUX

Taux d'emploi selon le lieu de provenance des immigrés (2006)

Québec 91,1%

États-Unis, Europe septentrionale et occidentale 88,7%

Europe orientale 71,4%

Europe méridionale 85,5%

Afrique du Nord 66,5%

Reste de l'Afrique 76%

Asie occidentale, centrale et Moyen-Orient 73,8%

Asie orientale 68,2%

Asie du Sud-Est 86%

Asie méridionale 63,5%

Amériques (sauf États-Unis) 74,4%

Source: Brahim Boudarbat, Cirano

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