Écoles, commerces, hôtels : la construction non résidentielle sera vigoureuse au Québec ce printemps, si l'on se fie au nombre élevé de permis de bâtir délivrés en février.

La province a enregistré le gain le plus élevé de tout le pays, indiquent les données publiées mercredi par Statistique Canada. La valeur totale des permis délivrés a grimpé de 10,4% par rapport à janvier, et de 80,1% sur un an.

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À l'échelle du pays, on note plutôt une baisse mensuelle de 0,5%.

Il s'agit là d'une «excellente» nouvelle pour le Québec, souligne Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins. «Ce que ça indique, c'est que la reprise économique se poursuit à une vitesse beaucoup plus rapide qu'on l'avait anticipé. À partir du printemps, tout ce qu'on a avait perdu depuis la récession va être regagné.»

Cette hausse des intentions de construire - qui totalisent 1,4 milliard de dollars au Québec en février - s'ajoute à une série de statistiques favorables publiées depuis quelques semaines, note Mme Bégin.

«Que ce soit l'emploi, les ventes au détail, les ventes des manufacturiers et des grossistes, tout est positif et milite en faveur d'un premier trimestre assez solide.»

Les gains touchent seulement les permis non résidentiels. Les intentions de bâtir ont explosé de 74,6% sur un mois au Québec, et de 86,2% par rapport à février 2009, marqué par la crise. Dans le secteur résidentiel, elles ont reculé de 5,1% dans la province, comparativement à 7,5% dans l'ensemble du pays.

Plusieurs demandes de permis ont été déposées par des établissements scolaires en février au Québec, a précisé à La Presse Affaires Nicole Charron, analyste à Statistique Canada. Cela a contribué au fort gain mensuel.

De nombreux projets sont aussi en branle dans le secteur des centres commerciaux, indique Brett Miller, vice-président à la direction et directeur régional pour l'est du Canada de la firme immobilière CBRE. Il cite l'expansion prévue au Quartier DIX30, à Brossard.

La construction de nouveaux locaux industriels reprend également du tonus, ajoute M. Miller. Les faibles coûts de financement rendent la construction de nouveaux immeubles attrayante par rapport au déménagement dans des locaux existants, a-t-il expliqué.

Selon Brett Miller, l'écart traditionnel de prix de 20% à 30% entre la location d'un immeuble et une construction neuve a presque diminué de moitié dans l'île de Montréal. «Et il n'y a pas d'écart si les locataires sont prêts à aller plus loin, en banlieue nord ou sur la Rive-Sud.»

Les permis de bâtir risquent par ailleurs de rebondir dans le secteur résidentiel, souligne le directeur de CBRE. Une vingtaine de nouveaux projets d'appartements en copropriété sont à l'étude ou sur le point de décoller au centre-ville de Montréal.

Surprise

La performance affichée par le Québec contraste avec la forte baisse enregistrée en Ontario. La province voisine a vu ses demandes de permis résidentiels chuter de 17,4% en février, et celles du secteur non résidentiel progresser de seulement 2,6%, indique Statistique Canada.

La baisse mensuelle de 0,5% affichée pour l'ensemble du Canada a pour sa part surpris les économistes, qui s'attendaient en moyenne à un gain de 2,1%. Il n'y a toutefois pas lieu de s'inquiéter, selon Derek Holt et Karen Cordes Woods, de la Banque Scotia.

«Ce déclin sur un mois dans le volume des permis de bâtir ne devrait pas devenir une tendance considérant la pression constante pour ajouter des unités surtout dans le segment des unifamiliales», ont-ils indiqué hier dans un rapport.

Enfin, même si les permis délivrés en février ne déboucheront pas tous sur une nouvelle construction, la plupart devraient bel et bien être utilisés, croit Hélène Bégin, de Desjardins. «En général, quand on demande un permis, c'est pour passer à l'action.»