Même les gens d'affaires en sont venus à croire que les programmes d'aide aux entreprises sont devenus trop nombreux et inefficaces.

«On ne peut pas continuer à ajouter des couches de sédimentation», résume Françoise Bertrand, la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Dans son mémoire prébudgétaire, les chambres de commerce, qui représentent 40 000 entreprises et 100 000 gens d'affaires, demandent au gouvernement de réévaluer ses programmes, ses organismes et ses mesures fiscales «à la lumière du contexte actuel et futur».

«Ce qui était jugé nécessaire en 1994 ou 1997 ne l'est peut-être plus aujourd'hui, explique la présidente. Il faut avoir le courage de se remettre en question».

Même les crédits d'impôt, qui ont beaucoup profité aux entreprises, devraient être réévalués périodiquement, estime-t-elle.

Il existe une douzaine de ces crédits d'impôt qui privent le gouvernement de revenus de près de 4 milliards par année. Ils visent généralement l'investissement et la création d'emploi.

Selon Françoise Bertrand, il est temps pour le gouvernement de revoir ses priorités, alors que la pénurie de main-d'oeuvre devient plus préoccupante que le chômage. «Il est temps d'investir davantage dans la formation de ceux qui ont perdu leur emploi», illustre-t-elle.

Même s'il ne permet pas d'économiser beaucoup d'argent, l'exercice doit être fait, croit Françoise Bertrand. «Il pourrait permettre de déplacer de l'argent vers des activités plus prometteuses qui peuvent remplir les coffres de l'État».

Une minorité

Beaucoup d'analystes ont déjà souligné que l'aide aux entreprises ne rend en réalité aucun service et que plus souvent qu'autrement, elle sert à augmenter les profits.

Dans la pratique, on constate la même chose. «Les enveloppes subventionnaires sont infiniment moins efficaces que la baisse des impôts», explique Audrey Azoulay, analyste des politiques publiques à la division québécoise de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Une infime minorité des entreprises du Québec profitent des mesures d'aide gouvernementale, que ce soit des subventions directes ou des crédits d'impôt, soutient la porte-parole des PME québécoises. Et ce sont généralement les plus grandes entreprises, qui n'en ont pas besoin.

Pour les PME, qui représentent toujours la grande majorité des entreprises au Québec, cette aide est inaccessible. Dans la plupart des cas, les petites entreprises n'ont pas les ressources pour passer à travers la «paperasserie» qui vient avec, selon Audrey Azoulay.

Quant aux résultats, ils peuvent être positifs, reconnaît-elle, mais souvent, les crédits d'impôt «ne sont là que pour éteindre les feux que le gouvernement allume avec son régime fiscal».