L'année 2009 a été si calme en matière de conflits de travail au Québec que de toute la dernière décennie, c'est l'année durant laquelle le moins de conflits ont été déclenchés.

Les statistiques du ministère du Travail du Québec révèlent en effet qu'au cours de l'année 2009, seulement 36 conflits de travail ont été déclenchés durant toute l'année au Québec.

A titre de comparaison, il y en avait eu plus du double, soit 75, déclenchés en 2008, voire 113 en 2005 et 105 en 2004.

En entrevue avec La Presse Canadienne, la sous-ministre adjointe aux relations du travail, Suzanne Thérien, a souligné que cette performance exceptionnelle du Québec remonte même plus loin encore dans le temps. «Trente-six, c'est le nombre de déclenchements de conflits dans une année, c'est le chiffre le plus bas qu'on a trouvé depuis 1970.»

«Ca va passablement bien, de façon générale. Les relations de travail ne se sont jamais portées aussi bien. On a 95% des conventions collectives qui sont déposées au ministère qui sont sans conflit», a relevé Mme Thérien.

Et même si on s'attarde à l'ensemble des conflits de travail qui ont eu cours durant l'année 2009, sans avoir nécessairement été déclenchés durant cette année-là, on arrive à un nombre restreint de 60 conflits de travail, comparativement à 86 en 2008.

Durant la dernière décennie, il n'y a eu qu'en 2006 et 2007 qu'il y a eu moins de conflits de travail qui ont eu cours durant l'année, soit 43 et 51. De 2000 à 2005, il y a eu entre 109 et 132 conflits de travail ayant eu cours chaque année.

Pourquoi?

La sous-ministre adjointe attribue cette paix dans les relations de travail au Québec à plusieurs facteurs.

D'abord, il y a la conjoncture économique incertaine et les craintes de fermetures d'entreprises. «Quand, au point de vue économique, la situation est délicate, les gens font moins appel à ces moyens de pression plus lourds», souligne-t-elle.

Ensuite, Mme Thérien avance d'autres facteurs. «Les parties sont plus habiles à régler des conflits ou des divergences sans utiliser les gros moyens de pression, la grève ou le lock-out»; elle cite le cas de la gestion par résolution de problèmes.

Elle perçoit aussi «une certaine maturité de la part des deux parties, une meilleure connaissance de la situation. Je pense que les parties ont appris à travailler ensemble.»

De même, les travailleurs et les syndicats s'intéressent plus qu'avant à l'économie. «Ils sont plus conscients de ce qui se passe au point de vue économique, c'est certain. L'impression que j'ai, quand on intervient dans les dossiers, de façon générale, par nos services de médiation et de conciliation, on voit que les employés connaissent beaucoup la situation financière de l'entreprise dans laquelle ils travaillent. Il y a plus de transparence aujourd'hui», estime Mme Thérien.

Plus de jours perdus

Ces données sur le nombre de conflits de travail cachent toutefois une autre réalité moins rose: certains conflits ont frappé beaucoup de travailleurs et ont donc résulté en un plus grand nombre de jours de travail perdus.

Ainsi, 11 449 travailleurs ont été touchés par un conflit de travail au Québec en 2009, engendrant ainsi 351 531 jours de travail perdus.

Cette fois, les années 2006, 2007 et 2008 avaient connu moins d'ébullition, incluant l'année 2000 dans le cas des jours-personnes perdus.

Certains conflits ont eu une importance notable. Ainsi, dans la région de Montréal, trois conflits à eux seuls ont occasionné 86% de l'ensemble des jours-personnes qui y ont été perdus. Il en est ainsi du lock-out au Journal de Montréal, en cours depuis le 24 janvier 2009 (61 071 jours de travail perdus), de la Société des casinos du Québec (42 286 jours de travail perdus) et de l'Université du Québec à Montréal (33 660 jours perdus).

Mme Thérien prend soin de souligner que toutes les données au chapitre des jours de travail perdus et des travailleurs touchés n'ont pas été totalement analysées.