L'été dernier, le gouvernement fédéral a annoncé de nouvelles mesures pour venir en aide à l'industrie porcine. L'une d'elles proposait aux éleveurs d'abandonner cette production. Les agriculteurs canadiens ont été nombreux à répondre à l'appel, plus que le programme ne le permet: 338 producteurs de porcs au pays vont quitter l'industrie, dont 36 au Québec.

Toutes proportions gardées, c'est peu puisque le Québec est la première province productrice, avec 3800 éleveurs. Environ le tiers du porc canadien est élevé au Québec.

«C'est un programme qui fonctionne par soumissions, explique Jean-Guy Vincent, président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec. Les soumissions les plus basses sont acceptées. Il s'agit souvent de producteurs qui ne font pas uniquement du porc.»

Les producteurs ontariens ont été les plus nombreux à se voir attribuer ces enveloppes convoitées: 161 producteurs ont quitté l'industrie. Le Manitoba perd 59 producteurs et l'Alberta, 41.

«Le taux d'endettement des producteurs québécois est très élevé», rappelle également Jean-Guy Vincent. Ce qui expliquerait que de nombreux agriculteurs d'ici n'ont pas réussi à obtenir une enveloppe du programme de transition, leurs collègues voisins ayant demandé moins d'argent en compensation.

Produire un porc au Québec coûte environ 190 $ pour 100 kg (poids/carcasse), alors que le prix du marché a été de 130 $ en moyenne en 2009. Une assurance stabilisation, payée en partie par les producteurs, mais en majorité par Québec et Ottawa, verse une compensation au producteur de porc qui doit vivre avec les réalités du marché.

«Les programmes provinciaux au Québec sont très généreux; le programme fédéral est donc moins intéressant pour les producteurs de porcs, note aussi Sylvain Charlebois, vice-doyen de l'école d'études supérieures en politique publique Johnson-Shoyama de l'Université de la Saskatchewan et de l'Université de Regina. Ailleurs au Canada, certains producteurs réalisent qu'il n'y a pas d'autre solution que de laisser le porc. Plus les producteurs seront nombreux à abandonner, plus il y a de chances pour que ceux qui restent fassent de l'argent.»

Selon Jean-Guy Vincent, Ottawa devrait réévaluer son programme. Sa popularité justifie déjà son existence, dit-il. Ottawa avait prévu distribuer 75 millions de dollars pour permettre aux producteurs de passer à autre chose, durant les deux prochaines années. Un peu plus de 60 millions ont déjà été distribués en quelques mois.