Dans les milieux d'affaires, c'est un secret de Polichinelle que les grandes transactions sont fréquemment éventées. À preuve, le volume de négociation boursière inhabituel qui précède souvent les annonces de fusions ou d'acquisitions d'entreprises. Mais les auteurs de ces délits d'initiés se font rarement pincer.

L'Autorité des marchés financiers (AMF), la police de la Bourse, vient toutefois de repérer des transactions hautement suspectes chez le grand patron de l'informatique du bureau montréalais du cabinet d'avocats Ogilvy Renault.

Entre avril 2006 et novembre 2009, Dominic Côté aurait acheté les actions de 17 entreprises avant que celles-ci ne fassent l'objet d'une annonce significative. Il revendait ces actions peu de temps après l'annonce, parfois le jour même, selon l'AMF. En trois ans et demi, ces opérations lui auraient permis d'empocher près de 523 000$.

L'AMF n'a pas encore terminé son enquête. Ainsi, aucune accusation n'a encore été portée contre Dominic Côté, qui travaille au bureau montréalais d'Ogilvy depuis 2002.

En attendant, l'AMF a toutefois obtenu une ordonnance qui interdit toute opération à Dominic Côté et qui bloque les comptes de courtage de cet informaticien. En lui accordant cette ordonnance, le Bureau de décision et de révision a noté que l'usage illégal de renseignements privilégiés est une «infraction grave».

C'est une affaire hautement embarrassante pour Ogilvy Renault, l'un des plus grands cabinets d'avocat au pays, qui compte Yves Fortier et l'ancien premier ministre Brian Mulroney parmi ses associés. Elle touche son bureau le plus important, où pratiquent environ 200 des 450 avocats de la firme.

Informée par l'AMF, Ogilvy Renault a suspendu Dominic Côté sans solde et lui a interdit l'accès à ses bureaux et à ses ordinateurs. «C'est un employé qui a agi seul, à l'insu d'Ogilvy Renault, qui n'est pas visée par l'enquête», dit Marc Lacourcière, avocat principal du bureau montréalais.

En plus de collaborer à l'investigation de l'AMF, Ogilvy Renault a ouvert une enquête interne pour faire la lumière sur les agissements de son employé.

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