Appelés à donner leur opinion sur la façon de boucler le budget de la province, les Québécois disent au gouvernement de d'abord faire le ménage dans sa cour.

«Ça ressort tout le temps», reconnaît Catherine Poulin, l'attachée de presse du ministre des Finances Raymond Bachand, quand on lui demande de commenter un sondage mis en ligne par son patron pour prendre le pouls de la population.

Québec se refuse à donner les résultats du sondage, prétextant qu'il ne s'agit pas d'un sondage scientifique. Sur le site internet, on peut seulement avoir accès aux réponses des 50 derniers internautes.

Hier matin, à la question sur la stratégie à prendre pour retrouver l'équilibre budgétaire, les 50 derniers répondants avaient indiqué, à 44%, que Québec ferait mieux de resserrer davantage ses dépenses. Seuls 14% des gens ont affirmer que Québec devaient augmenter ses revenus, contre 42% des gens qui prônent un mélange des deux.

Cela n'empêche pas le ministre de poursuivre, avec la question suivante: «Comme le gouvernement doit nécessairement augmenter ses revenus s'il veut maintenir les programmes et les services à la population, quelle approche, selon vous, devrait-il privilégier?»

Sondage orienté?

Un internaute, qui a laissé un message au ministre Bachand, a jugé que le sondage préparé par les fonctionnaires était orienté: «Le questionnaire tend surtout à faire un sondage sur ce qui devrait être augmenté, pour justifier par la suite une hausse de taxes, d'impôts, de services? (sic)», écrit celui qui se fait appeler Bi.

«Il y a un paradoxe entre les deux questions», souligne aussi le politicologue Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke, qui a sondé les Québécois sur les finances publiques il y a cinq ans.

Outre le sondage mis en ligne tôt cette année, le ministre Bachand a été particulièrement actif dans ses consultations prébudgétaires: émissions de télévision, la rencontre de Lévis, une soixantaine de groupes ou personnes consultés, un comité des sages qui y va de recommandations... les activités s'additionnent et le dépôt du budget est encore loin.

Selon M. Guay, ce cumul sert à préparer l'opinion publique. «Ça réduit les attentes. Ça fait en sorte qu'on sera peut-être plus clément quand on recevra le budget.»

Pour lui, le sondage de Québec, en plus d'aller chercher le pouls plus ou moins représentatif de la population, sert à montrer aux contribuables que le gouvernement est à l'écoute.

Résultats peu surprenants

Par ailleurs, M. Guay ne se montre pas surpris des résultats, même partiels, qui émanent de cette consultation en ligne.

Selon lui, les Québécois sont, dans l'absolu, favorables aux compressions dans les services, mais, «dès qu'on se met à être précis (sur les services à couper), l'appui chute», dit-il.

«Ce qui est important, c'est que les gens se posent la question aussi», note encore l'attachée de presse de M. Bachand. Elle rappelle que son patron a déjà indiqué qu'il voulait que la hausse des dépenses ne dépasse pas 3,2% l'an prochain. Pour les huit premiers mois de l'année fiscale en cours, celle-ci atteint 3,6%.

Combien a coûté la consultation web du ministre, de loin la plus importante à ce jour? «On va attendre d'avoir toutes les factures» avant de répondre, a laissé savoir le porte-parole du ministère des Finances, Jacques Delorme.