En expliquant aux Québécois ses cinq priorités pour redresser la Caisse de dépôt et placement, le président et chef de la direction de l'institution, Michael Sabia, a bien compris son rôle, estime le premier ministre Jean Charest.

«Je pense qu'il tape sur le bon clou», a déclaré M. Charest en entrevue à La Presse Canadienne en marge de l'assemblée annuelle du Forum économique mondial, qui se tient à Davos, en Suisse.

«C'est ce qu'on attendait de Michael Sabia comme gestionnaire. C'est un gestionnaire chevronné qui peut donner à la Caisse une nouvelle orientation dans sa gestion du risque, conforme au nouvel environnement économique, et qui tient compte des leçons du passé. Je trouve ça très bon.»

Lundi, M. Sabia a fait paraître une lettre ouverte dans laquelle il étayait les cinq priorités qui guideront ses actions au cours des 18 prochains mois: «Changer la culture» de la Caisse, améliorer la gestion des risques, investir au Québec, produire des rendements «durables» et mieux collaborer avec les déposants, parmi lesquels on compte la Régie des rentes.

«Le noyau du problème, c'était la gestion des risques, a rappelé M.  Charest. Et il fallait bien laisser à M. Sabia le temps de faire son travail. Alors j'ai trouvé que c'était une excellente initiative de sa part que de communiquer ça aux Québécois et de dire comment on s'oriente.»

Le premier ministre a fait remarquer que l'investisseur milliardaire Stephen Jarislowsky et Jean Campeau, ancien grand patron de la Caisse, avaient bien accueilli la missive de M. Sabia.

Ce dernier a pris la tête de la Caisse dans la controverse l'année dernière. Sa nomination n'a pas suivi les règles habituelles, le gouvernement souhaitant rétablir rapidement la stabilité au sein de l'institution après la publication des résultats désastreux de l'année 2008 - une chute de 25% de la valeur des actifs.

Depuis, M. Sabia s'est entouré d'une nouvelle équipe, ce qui a entraîné le versement d'indemnités de départ totalisant quatre millions aux dirigeants qui ont quitté. Il a également recentré les investissements de la Caisse, abandonnant plusieurs des produits de placements complexes et risqués qu'affectionnait Henri-Paul Rousseau, qui a présidé l'institution de 2002 à 2008.

Jean Charest n'a pas ailleurs voulu faire un plat du party de Noël de la Caisse, qui a coûté plus de 56 000 $, dont 10 000 $ en alcool. L'Action démocratique s'est insurgé de cette dépense plus tôt cette semaine.

«Il faut poser la question à M. Sabia, a affirmé M. Charest. C'était pour 500 personnes. (...) Toutes les entreprises font ça. Mais je ne veux pas avoir l'air de défendre la Caisse parce qu'elle est amplement capable de se défendre elle même.»