La nouvelle avait eu l'effet d'un coup de massue dans un mur de plâtre. Le 27 janvier 2009, le budget fédéral avait annoncé un nouveau crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire d'une durée d'un an.

Deux semaines plus tôt, le gouvernement du Québec avait proposé son propre crédit d'impôt, qui poursuivait un double objectif. Il s'agissait bien sûr de donner un coup de pouce à l'industrie de la construction, et par là même à l'économie québécoise, mais également d'endiguer le travail au noir, endémique en rénovation. Un an plus tard, quels sont les résultats?

À Ottawa comme à Québec, on attend la compilation des déclarations de revenus 2009 pour tirer des conclusions définitives, mais déjà, plusieurs indices laissent croire à un heureux constat final.

Les quincailliers jubilent

Rona est content.

«On est très satisfaits», lance Claude Bernier, premier vice-président, marketing et innovation.

Dans la foulée des crédits d'impôt à la rénovation, le géant de la quincaillerie avait instauré un programme qui accordait aux consommateurs qui s'y inscrivaient des chèques-cadeaux équivalant à 10% de la valeur des achats, jusqu'à concurrence de 10 000$. Ce programme, de même durée et avec les mêmes critères que les deux crédits d'impôt, a fourni un barème pour mesurer le succès de ces mesures.

«Les trois ou quatre premiers mois sont partis très lentement, simplement parce que les consommateurs ne comprenaient pas les programmes, qui étaient très différents, constate Claude Bernier. À partir du mois de juin, le gouvernement de M. Harper a mieux communiqué son programme et on a senti un plus grand engouement.»

À l'échelle canadienne - le programme a eu du succès partout au Canada, dit-il -, 17 000 consommateurs ont inscrit leur projet au programme de Rona. «La valeur moyenne est très près de 8000$. On se retrouve donc avec des ventes potentielles de 130 millions de dollars.»

Ces achats sont essentiellement constitués de matériaux, et n'incluent pas les honoraires des entrepreneurs. Il s'agit donc de projets importants. «Initialement, lors de la planification, on croyait que la valeur moyenne serait de 2000$ à 2500$, soit de nombreux petits projets», observe M. Bernier.

«C'est un programme excessivement positif qui a engendré beaucoup de ventes», poursuit-il. Toutes ne sont pas des ventes supplémentaires, mais il se dit convaincu qu'une importante proportion a été suscitée par les crédits d'impôt: «Au minimum, c'est de 50 à 60% de ventes qui n'auraient pas eu lieu.»

Sur les 150 millions que Rona espère avoir engrangés à la fin de janvier, c'est donc quelque 80 millions qui ne se seraient pas matérialisés autrement. «Ça a assurément stimulé la rénovation domiciliaire», se réjouit M. Bernier.

Chez Home Depot

Autant de satisfaction, mais moins de chiffres pour la soutenir, chez Home Depot. «Je ne peux fournir de données spécifiques sur les chiffres de ventes, mais je peux confirmer que Home Depot a remarqué un grand intérêt de ses clients pour les rénovations domiciliaires, plus particulièrement pour les petits projets qui permettent d'ajouter de la valeur à leur propriété», a fait savoir Tiziana Baccega, responsable des relations publiques et affaires externes. «Plus de 25 000 consommateurs se sont inscrits au programme complémentaire de crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire (CIRD) de Home Depot.»

Peu d'effet sur les piscines

Le crédit d'impôt fédéral s'appliquait à l'installation d'une piscine, ce qui pouvait procurer un crédit d'impôt de plus de 1100$. Mais malgré les campagnes publicitaires de plusieurs marchands, ce crédit a eu un effet marginal, selon le directeur de l'Association des commerçants de piscines du Québec, Réal Dufresne. «Quand les gens ont eu vraiment accès au programme, ils ont su ce qui était ou non admissible au crédit d'impôt, la saison était pratiquement terminée», explique-t-il. Pour les ventes de piscines, la belle saison s'étend de février à avril.