La Caisse de dépôt a perdu 40 milliards en 2008. Et il a fallu allonger 4 millions en 2009 pour acheter le départ d'une poignée de dirigeants de la société d'État, une opération lancée par le président Michael Sabia.

Selon les données que La Presse a obtenues grâce à la Loi sur l'accès à l'information, six hauts dirigeants de la Société remerciés en 2009 se sont partagé la coquette somme de 3,8 millions en indemnités de départ.

Arrivé en septembre 2008 à la direction de la Caisse, Richard Guay s'était retrouvé sur le carreau dès l'automne 2008, au plus fort de la «tempête parfaite» sur les marchés boursiers. La Caisse se retrouvait sans personne à la barre. Pendant plusieurs mois, il a agi à titre de conseiller pour le président Michael Sabia, puis il est retourné dans l'enseignement à la fin du mois de novembre avec une indemnité de 1 million, qui avait soulevé des critiques sur la place publique à la fin de 2009.

Or, on apprend que cinq des autres patrons de la Caisse passés à la moulinette ont obtenu 3 millions supplémentaires pour vider leur bureau.

Le vice-président aux marchés boursiers, François Grenier, est parti peu après l'arrivée de Michael Sabia, au printemps 2009. Il n'a guère à envier à l'ex-président Guay avec son parachute de 950 000 $.

Tenue de divulguer ces ententes, la vice-présidente responsable de l'accès à l'information à la CDP, Me Ginette Depelteau, explique : «Ces primes de départ sont conformes aux pratiques du marché ainsi qu'à la loi et à la jurisprudence en semblable matière.»

«La politique de la Caisse veut qu'on ne verse d'indemnité de départ qu'en cas de départ involontaire», explique Maxime Chagnon, porte-parole de la CDP. Comment sont calculées ces indemnités ? «Selon les pratiques du marché et les exigences légales et contractuelles de la Caisse», répond M. Chagnon.

«Les contrats de travail prévoient une indemnité de fin d'emploi, en cas de congédiement sans cause juste et suffisante, d'un montant égal à une fois la rémunération annuelle», indique le plus récent rapport annuel de l'organisme.

Dans le coup de balai de Michael Sabia, Michael Malo, premier vice-président aux fonds de couverture, a accepté de partir moyennant 629 500 $.

Christian Pestre, le «stratégiste en chef», lui aussi limogé en 2009, a récolté pour sa part 375 000 $. Son collègue Robert Desnoyer, premier vice-président aux ressources humaines, a obtenu 365 000 $ en août dernier.

Un autre patron, Van Phong Pham, grand responsable de l'informatique, est parti avec 516 000 $, mais son départ était antérieur à l'arrivée de Michael Sabia.

Outre ces hauts dirigeants, 55 personnes ont vu leur poste aboli par Michael Sabia au printemps 2009 et ont reçu des indemnités. Certaines indemnités versées à des vice-présidents ne sont pas comptabilisées non plus parce qu'ils ne font pas partie des «hauts dirigeants» : Jacques Lavallée, le vice-président aux opérations, est parti à la fin de l'an dernier aussi.

L'exemple, il faut le dire, venait de haut. L'année précédente, en 2008, le président Henri-Paul Rousseau avait récolté une indemnité de départ de 378 000 $, même s'il était parti de son plein gré - c'est ce que prévoyait son contrat. Le gouvernement Charest avait promis par la suite qu'il ne permettrait plus de telles dispositions pour des départs volontaires.

- Avec la collaboration de William Leclerc