L'important projet de port méthanier Rabaska sur la rive-sud de Québec demeure sur la glace.

Au terme d'une rencontre avec un dirigeant de Gazprom à Moscou jeudi, le premier ministre Jean Charest a dû reconnaître qu'il avait obtenu des réponses décevantes.

«Le projet n'est pas mort, mais il n'est plus actif», a indiqué M. Charest, qui a profité de sa mission économique en Russie pour discuter de l'avenir du projet avec le vice-président du géant gazier, Alexandre Medvedev.

La détérioration du marché du gaz naturel a eu raison, pour l'instant, du projet de 840 millions initié par Gaz métropolitain (TSX:GZM.UN), Enbridge et Gaz de France.

La société russe, qui s'était jointe au consortium et qui devait fournir le terminal projeté en gaz liquéfié, a annoncé en juin dernier qu'elle se retirait de l'aventure.

«Gazprom est toujours intéressée, mais elle a perdu beaucoup de sa valeur dans la crise et le prix du gaz naturel est à un plancher. Donc, tout reste en attente présentement», a ajouté M. Charest.

Cette déception est venue jeter un peu d'ombre à la journée de la mission québécoise en Russie, qui a autrement des airs de conquête.

Les entreprises CAE et Rosemex, notamment, pourraient conclure d'importants contrats sous l'impulsion de l'accord de coopération signé mardi par le premier ministre du Québec et le maire de Moscou, Iouri Loujkov.

Jeudi, l'entreprise Rosemex a obtenu une rencontre avec un haut fonctionnaire et s'est vue confier la mission de corriger le désuet système de chauffage central de la métropole.

L'expertise de la compagnie de St-Bruno-de-Montarville pourrait permettre d'importantes économies d'énergie à la ville qui surchauffe actuellement 33 000 logements, dont les résidents n'ont aucun contrôle sur leur thermostat.

Si l'entreprise démontre l'efficacité de sa technologie sur un échantillon de résidences, elle obtiendra un contrat pouvant atteindre plus de 100 millions et déploiera ses équipements sur l'ensemble du territoire.

«Sans la présence du premier ministre ici, nous n'aurions jamais pu obtenir cette rencontre. C'est bien de voir que la mission profite aussi à une PME comme nous, et pas seulement à des géants comme Bombardier», a indiqué le président, Michael Gallagher.

Les représentants de CAE, pour leur part, ont rencontré le grand patron du transporteur aérien russe Aeroflot, Vitaly Savelyev, afin de présenter un projet d'école de formation de pilote qui aurait été accueilli très positivement.

Puis, déjà mardi, l'entreprise MDA avait conclu une entente de 100 millions avec un partenaire russe, NII Radio, pour la fourniture d'équipements de communication par satellite.

«Dans le fonctionnement de la Russie, les décisions se prennent à un haut niveau, et l'économique suit le politique, et non l'inverse. Nous, ce qu'on peut faire, c'est ouvrir des portes», a expliqué jeudi le premier ministre, visiblement satisfait de l'impact de sa mission jusqu'ici.

«Il y aura un suivi dans les dossiers. C'est la condition de réussite dans un marché comme la Russie, qui est nouveau, et qui s'ouvre aux règles de l'économie de marché», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, a même rencontré le Grand rabbin de Russie, Berl Lazare, afin de tisser des liens qui pourraient aussi ouvrir des portes pour les entreprises québécoises.

«C'est un personnage important qui siège aussi sur plusieurs comité gouvernementaux. Je pense que c'est très utile et plus il y aura de personnes qui vont parler du Québec de façon positive, le mieux ce sera pour nous», a affirmé le député de Mont-Royal.

Après avoir multiplié les rencontres d'affaires à Moscou, la mission québécoise s'est déplacée jeudi à St-Pétersbourg.

Jean Charest y rencontrera notamment le gouverneur de Léningrad, Valery Serdyukov.