Les salariés du secteur public québécois risquent de verdir de jalousie encore cette année en comparant leur chèque de paie avec celui de leurs collègues des municipalités de la province. Mais ils pourront toujours se consoler en regardant les conditions de travail de ceux qui font le même boulot qu'eux... dans le privé.

C'est ce que montre l'Institut de la statistique du Québec dans une brique de 294 pages publiée hier. Le document tombe alors que les grandes centrales syndicales viennent justement de déposer leurs demandes auprès du gouvernement. Rappelons que le front commun demande des hausses de salaire de 3,75% sur trois ans.

 

L'étude confirme les tendances décelées depuis quelques années. En considérant tous les avantages sociaux (dont les régimes d'assurances et le nombre d'heures travaillées), la rémunération des employés du secteur public québécois est inférieure à celle des employés du municipal (-24,7%) et du fédéral (-14%). Les employés des «entreprises publiques», une catégorie qui regroupe les sociétés d'État comme Hydro-Québec et des institutions comme la Société de transport de Montréal, apparaissent aussi choyés: leur rémunération est de 21,3% supérieure à celle du secteur provincial.

Toutes les comparaisons se font évidemment entre des emplois comparables.

Les employés du secteur public retrouveront toutefois le sourire en regardant le chèque de paie de leurs collègues du privé. S'il est vrai que les employés syndiqués ont une rémunération totale supérieure ("10%), les employés non syndiqués accusent un retard de10,7%.

Rien de bien nouveau sous le soleil aux yeux de Christiane Lamarre, directrice des statistiques du travail et de la rémunération à l'Institut de la statistique du Québec.

«Il n'y a pas de grands changements. C'est un peu la même chose depuis deux ou trois ans», dit-elle.

Ce n'est toutefois pas tout le monde qui est concerné par ces statistiques. Bon nombre d'employés du secteur public québécois ont été exclus de l'étude parce qu'on ne pouvait leur trouver d'équivalent ailleurs. C'est le cas de groupes importants comme les professeurs, les infirmières et les policiers.

Quant aux employés du privé, seuls ceux qui travaillent dans des entreprises de plus de 200 employés ont été inclus dans l'étude.

Les chiffres montrent toutefois qu'au point de vue des salaires, les employés du secteur public provincial sont en mode rattrapage par rapport aux plus choyés. Par rapport à l'année dernière, l'écart salarial avec les employés des entreprises publiques a diminué de 1,2%, alors qu'il s'est effrité de 3,2% avec le secteur privé syndiqué et de 0,5% avec le fédéral. Les employés du provincial ont toutefois perdu 0,6% par rapport aux employés municipaux, et 1% par rapport à tous les autres salariés québécois.

L'Institut de la statistique n'est malheureusement pas en mesure de vérifier si ce rattrapage se confirme aussi quand on inclut les avantages sociaux dans l'équation.

Pour les trois premiers trimestres de 2009, les données montrent que les salaires ont augmenté de 2,2% pour l'ensemble des salariés syndiqués, comparativement à 2% dans l'administration québécoise.

 

DE GRANDS ÉCARTS...

Écart entre la rémunération globale des salariés du secteur public québécois et celle des salariés...

De l'administration municipale : -24,7%

Des entreprises publiques : -21,3%

Du secteur public fédéral: -14%

Du secteur privé syndiqué: -10%

Du secteur privé non syndiqué: "10,7%