Emploi-Québec a ouvert une enquête hier sur une entreprise de l'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Des travailleurs mis à pied par la société allèguent que leur ancien employeur aurait reçu une subvention à laquelle il n'avait pas droit.

L'affaire concerne Cellulab, une entreprise de réparation de téléphones cellulaires. La société a mis à pied la cinquantaine d'employés qui travaillaient pour elle, le mois dernier, et serait en processus de faillite.

Les travailleurs mis à pied - en majorité des immigrants - ont rencontré hier des membres du cabinet du ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad. La rencontre a eu lieu au terme d'une manifestation organisée devant les bureaux montréalais du ministre.

Les manifestants ont remis une pétition dans laquelle ils déplorent avoir été mis à pied sans préavis et sans recevoir d'indemnités de départ. Les employés prétendent également que les propriétaires de Cellulab ont reçu une aide gouvernementale sans y avoir droit.

En 2009-2010, Québec a offert une subvention de 97 000$ à Cellulab, a confirmé Alexandre Boucher, attaché de presse de Sam Hamad. L'enveloppe était destinée aux entreprises qui souhaitaient offrir une formation à leurs employés en période de ralentissement économique.

«L'employeur nous a fait signer une lettre pour recevoir la subvention, mais il n'a jamais été question qu'on reçoive une formation», a dit Toufik Ihamouchene, l'un des employés mis à pied. Plusieurs de ses collègues ont confirmé cette version.

Emploi-Québec a mandaté un inspecteur hier pour vérifier ces allégations. «Si elles s'avèrent, nous allons prendre des dispositions pour récupérer les sommes versées», a assuré Alexandre Boucher.

Cellulab n'est pas au bout de ses peines. La majorité des travailleurs ont porté plainte à la Commission des normes du travail. Ils disent avoir été payés de façon irrégulière depuis janvier et n'avoir reçu aucun salaire de la fin du mois d'août jusqu'à la soudaine fermeture de l'entreprise, le 2 octobre.

La veille de la fermeture, les travailleurs avaient signé une demande d'accréditation syndicale auprès de la FTQ. Certains d'entre eux y voient un lien de cause à effet.

Joint par La Presse, l'un des deux propriétaires de Cellulab, Guy Savard, a nié avoir fermé ses portes pour cette raison. Il dit avoir tout fait pour sauver son entreprise, qui a été selon lui frappée par la crise économique. Cellulab a notamment perdu d'importants contrats avec Samsung et Motorola.

«Dans les derniers temps, on n'avait plus de revenus, a-t-il dit. On a fait des démarches auprès du gouvernement et des banques pour aller chercher les payes des employés, mais on n'a pu se rendre.» Il a précisé que l'entreprise avait pris contact avec un syndic de faillite. La Presse n'a pu joindre M. Savard en soirée pour lui demander de commenter l'enquête en cours.

En mai, le ministère de l'Immigration avait d'ailleurs décerné à l'entreprise le prix Maurice-Pollack pour l'accès à l'égalité en emploi.