S'il reste des sceptiques quant à l'importance de la culture comme moteur de développement économique à Montréal, ils risquent vite d'être confondus. Les retombées totales du secteur sont de 12 milliards$ annuellement, dont 8 milliards en impacts directs, soit 6% du PIB de la grande région montréalaise.

«C'est énorme», a lancé hier le président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, lors du dévoilement d'une étude de son organisme, basée sur des données de Statistique Canada avec la collaboration du Conseil des arts de Montréal, au sujet des impacts économiques et le financement privé de la culture à Montréal.

 

«La culture représente davantage à Montréal que l'industrie de la construction dans l'ensemble du Québec, de poursuivre M. Leblanc. C'est un secteur en pleine croissance avec près de 100 000 emplois directs.»

Le nombre d'emplois du secteur culturel de Montréal a crû de 57% dans les 10 dernières années. Toutefois, c'est un secteur au «coeur créatif fragile». Le salaire annuel moyen des travailleurs du secteur est de 44 000$, comparativement à 48 500$ pour l'ensemble des salariés montréalais.

Pis encore, le salaire moyen des artistes, auteurs et interprètes n'est que de 24 000$, malgré le fait qu'ils soient fortement diplômés.

«C'est un secteur vulnérable, reconnaît Michel Leblanc, financé seulement à 21% par le secteur privé. Cette moyenne peut sûrement augmenter.»

Le président de Culture Montréal et du comité de suivi de Rendez-vous 2007: Montréal, métropole culturelle, Simon Brault, croit que la participation du privé en culture doit être soutenue, créative, éclairée et croissante.

«Il est inimaginable, dit-il, que Montréal puisse se situer parmi les grandes métropoles culturelles sans un investissement plus important du privé.»

Selon Michel Leblanc, l'idée n'est pas de délaisser d'autres secteurs en besoin, comme la santé ou l'éducation, mais d'augmenter le soutien aux petits organismes culturels.

«Il ne faut pas séparer la tarte différemment, mais augmenter sa taille, précise le président de la Chambre de commerce. Les entreprises sont intéressées. Elles veulent vivre dans une ville exubérante. À leurs yeux, la culture est un succès.»

Changement de mentalité

Quant à lui, le maire Gérald Tremblay estime que les résultats de l'analyse de la Chambre permettent d'entrevoir une changement de mentalité envers la culture.

«Il est prouvé qu'investir dans la culture et les arts facilite la réussite scolaire, dit-il, prévient la délinquance, développe le sens civique et favorise l'estime de soi.»

Le maire a répété qu'il donnerait suite à son engagement électoral d'indexer les cachets que la Ville verse aux artistes, une mesure de 2,7 millions en quatre ans, et que le budget du Conseil des arts de Montréal sera porté à 12,5 millions sur la même période.

Enfin, la ministre de la culture, Christine Saint-Pierre note que, dans le cas des petits organismes culturels, le programme québécois Placement Culture versait dorénavant trois dollars pour chaque dollar provenant du secteur privé afin de leur venir en aide. Et malgré les déficits en vue à Québec, l'importance de la culture ne change pas.

«Je ne suis pas inquiète pour les budgets de la culture, souligne Mme Saint-Pierre. Le gouvernement et le premier ministre sont conscients de l'importance de cet enjeu à Montréal.»