Québec impose un régime minceur à la Financière agricole et tire un trait sur le déficit de 1 milliard $ accumulé par l'institution au fil des ans.

Le ministre de l'Agriculture, Claude Béchard, a annoncé jeudi qu'il limitera la contribution du gouvernement à 630 millions $ pour chacune des cinq prochaines années.

L'an dernier, la Financière agricole avait eu droit à 100 millions $ de plus.

L'enveloppe budgétaire consentie à la Financière «correspond à la capacité de payer des Québécois en ces temps difficiles», a déclaré le ministre, en conférence de presse à Québec.

Au grand soulagement des agriculteurs, le gouvernement maintient le programme d'Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA).

Le programme englobera dorénavant plus de productions, mais les compensations versées aux agriculteurs seront de 20 à 25% moins généreuses, selon l'Union des producteurs agricoles (UPA).

Le gouvernement Charest a aussi annoncé qu'il refilera au service de la dette publique le déficit de 1 milliard $ accumulé par la Financière agricole.

«Nous l'appliquerons sur la dette. C'est déjà prévu dans la planification du ministère des Finances et du Conseil du trésor», a souligné M. Béchard.

Dans l'espoir de mieux contrôler le coût des mesures de soutien au revenu agricole, Québec compte sur une décroissance de l'élevage porcin, une production en crise depuis plus de trois ans.

Le nombre de têtes de bétail assurées passera donc de 7,8 millions à 7 millions, a indiqué le ministre.

«Les Québécois ne peuvent plus payer pour un développement qui ne correspond plus aux besoins du marché. Nous sommes en crise depuis trois ans et le nombre de porcs au Québec augmente», a-t-il rappelé.

La réduction du cheptel porcin permettra à l'État de faire des économies d'environ 13 millions $ par année, selon M. Béchard.

La réforme annoncée par le ministre de l'Agriculture a été plutôt bien accueillie par l'UPA qui redoutait la disparition du programme d'assurance stabilisation.

Le président du puissant lobby agricole, Christian Lacasse, estime que le plan de redressement mis en place «met fin à l'incertitude» quant à la survie du régime.

Néanmoins, à défaut de mesures de transition, des entreprises agricoles risquent d'être acculées à la faillite, a-t-il évoqué.

«Nous saluons l'effort du gouvernement, mais il va falloir être extrêmement prudent quant à la façon d'appliquer le 100 millions $ de resserrement», a dit M. Lacasse.