Cossette doit ouvrir ses livres à Cosmos, ont affirmé hier plusieurs voix qui estiment que les intérêts des actionnaires sont menacés si l'agence de publicité s'entête à écarter un acheteur maintenant jugé «sérieux». Le marché, pendant, ce temps, s'attend clairement à une contre-offre: il a entraîné le prix de l'action au-dessus des offres actuellement sur la table.

L'action de Cossette a pris 20 cents, hier, pour clôturer à 8,00$, soit au-dessus des offres de 7,87$ déposées par Mill Road et Cosmos.

«On s'attend à une autre ronde de surenchères», disait déjà hier matin Louis Hébert, expert en stratégie d'entreprise à HEC Montréal.

Rappelons que Cosmos, un groupe formé d'anciens dirigeants de Cossette, a causé la surprise mardi en égalant l'offre de la firme américaine Mill Road.

Cossette a réagi en émettant un bref communiqué, hier, où elle affirme qu'elle examinera l'offre de Cosmos. L'entreprise recommande à ses actionnaires de «reporter la prise de toute décision» et avertit qu'elle ne fera aucun autre commentaire.

Les pressions se font par ailleurs sentir sur Cossette, qui a toujours refusé d'ouvrir ses livres à Cosmos. Cette dernière affirme qu'elle pourrait bonifier son offre si elle a accès aux données financières de Cossette.

«Il est dans le meilleur intérêt des investisseurs que Cossette permette à Cosmos de prendre connaissance de ces informations pour lui donner l'occasion de formuler une offre plus élevée», a indiqué hier l'analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, dans une note aux investisseurs.

Même son de cloche du côté de Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance des institutions privées et publiques, qui croit qu'il s'agit de principes de bonne gouvernance. Il affirme que les membres indépendants du comité spécial chargé d'étudier les offres doivent maintenant prendre leurs responsabilités.

«Les indépendants ont une responsabilité énorme de faire prévaloir les intérêts non pas du management, qui veut peut-être continuer de travailler avec Mill Road, mais de l'ensemble des actionnaires et de la compagnie», martèle M. Nadeau.

«Je ne vois pas pourquoi on donnerait un droit de veto aux dirigeants de Cossette en leur permettant de décider qui est un acheteur désirable et qui est un acheteur indésirable», ajoute-t-il.

Louis Hébert, de HEC Montréal, pense la même chose. «Le groupe Cosmos a montré qu'il a des ressources substantielles et les poches profondes», dit-il.

Rappelons que Cossette avait déjà affirmé que Cosmos bénéficiait d'un «avantage injuste» par rapport aux autres acheteurs potentiels parce que le groupe compte d'anciens dirigeants de Cossette, notamment François Duffar et Georges Morin.

Cosmos a signé une convention de blocage avec les firmes Burgundy Asset Management et Beutel, Goodman & Company, ce qui lui assure pour l'instant 37,3% des actions de Cossette, soit assez pour bloquer l'offre de Mill Road. De leur côté, les membres de la direction possèdent 30% des actions, ce qui s'approche aussi d'une position de blocage puisque chaque groupe doit acquérir les deux tiers des actions pour mettre la main sur Cossette.

Selon l'entente signée entre les deux groupes, Cossette doit offrir la possibilité à Mill Road d'égaler toute offre supérieure à la sienne, à défaut de quoi elle doit lui verser 3,25 millions.