La Caisse de dépôt et placement veut redorer son blason parmi les entrepreneurs d'ici en se proposant davantage comme investisseur et fournisseur financier de haut niveau, en particulier pour leurs ambitions internationales.

«La Caisse n'a plus à faire le choix entre le rendement et la contribution économique au Québec. Les deux vont ensemble. La Caisse peut générer du rendement en investissant davantage dans les entreprises québécoises», a indiqué son président, Michael Sabia, au cours d'un colloque de gens d'affaires commandité par la Caisse, hier à Montréal.

Selon M. Sabia, avec ses nouvelles priorités de gestion, la Caisse de dépôt entend mener de front ses objectifs de rendement à long terme «selon les besoins de ses clients» et de contribution au développement économique du Québec.

«La Caisse de dépôt et placement souhaite renforcer son rôle de leadership au Québec, tout en respectant les besoins en rendement de ses clients (caisses de retraite et fonds d'assurance publics) afin qu'ils puissent s'acquitter de leurs obligations», a indiqué M. Sabia.

«Nous connaissons le Québec et son économie en profondeur. Nous avons aussi des avantages comparatifs que nous pouvons utiliser davantage avec les entreprises québécoises.»

Quels avantages en particulier? Le président de la Caisse est demeuré avare de détails.

C'est l'un de ses principaux adjoints, Normand Provost, premier vice-président aux placements privés et chef des opérations de la Caisse, qui a résumé ces avantages.

D'une part, a-t-il indiqué, la Caisse connaît bien les rouages de la haute finance pour améliorer les conditions financières faites aux entreprises d'ici.

«La Caisse ne manquera jamais de fonds pour appuyer de bonnes entreprises québécoises qui ont de bons projets», selon M. Provost.

«Et même si nous ne gagnons pas toutes les soumissions financières que nous leur faisons, tant mieux si notre intervention permet à ces entreprises d'obtenir de meilleures conditions financières.»

D'autre part, a souligné M. Provost, la Caisse a un réseau international de partenaires qui pourrait servir davantage aux entreprises d'ici à des moments-clés de leur expansion vers les marchés extérieurs.

Selon Normand Provost, ces entreprises font figure de «PMM, c'est-à-dire des petites et moyennes multinationales».

En exemple, le vice-président de la Caisse a cité son injection récente de 40 millions de dollars en dette et en capital auprès du groupe Laperrière&Verreault (GLV), de Trois-Rivières, lors de son acquisition d'une entreprise en Autriche pour 153 millions.

«C'était un achat stratégique pour GLV qu'elle n'aurait sans doute pu réaliser sans l'assistance financière de la Caisse, ainsi que sa connaissance des règles européennes lors des acquisitions d'entreprise.»

Dans cette foulée, M. Provost a confirmé que la Caisse négocie actuellement «deux dossiers semblables» à celui de GLV avec d'autres entreprises québécoises, qui pourraient aboutir bientôt.

Quant aux détails des intentions de la Caisse envers les entreprises d'ici, Normand Provost a promis qu'ils seraient communiqués «au cours des prochaines semaines».

La Caisse prépare aussi une deuxième série de colloques régionaux d'entrepreneurs pour le printemps 2010, durant lesquels elle prévoit accentuer son démarchage.

Mais déjà, hier, des dirigeants d'entreprise qui participaient au premier colloque à Montréal ont apprécié ce nouveau manifeste d'intérêt de la Caisse. D'autant plus qu'il survient après une grave période de bévues et de disgrâce pour le gestionnaire de 120 milliards en fonds collectifs des Québécois.

Pour un, le président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, conférencier au déjeuner, s'est réjoui que «la Caisse reprenne le rôle qu'elle a laissé tomber depuis quelques années».

Puis, après avoir souhaité une renaissance du «sentiment de Québec inc.», M. Péladeau a indiqué que «ce n'est pas parce qu'on fait plus d'affaires au Québec qu'on ne peut pas avoir de bons rendements».

«Au contraire, a-t-il soutenu, plusieurs des meilleurs investissements de la Caisse ont été faits dans des entreprises québécoises.»

Évidemment, le président de Quebecor a cité son alliance financière de longue date avec la Caisse de dépôt, qui remonte aux premières acquisitions majeures effectuées par son père défunt, Pierre Péladeau.

Cette association dure maintenant avec Quebecor Media, dont la filiale de télécoms, Vidéotron, est en diversification majeure vers le sans-fil et l'autre filiale, Sun Media, important éditeur de journaux au Canada, est en restructuration stratégique.