Réélu à 80% dimanche dernier, le maire Régis Labeaume a accepté de rencontrer La Presse Affaires cette semaine pour parler d'économie... et un peu de Montréal. Voici un condensé de l'entretien.

Le taux de chômage oscille autour de 5% en période de récession. Quelle est votre recette?                                 Ça ne sort pas de la cuisse de Jupiter depuis six mois. C'est la transformation, l'espèce de mutation qu'on a réalisée dans les 10-15 dernières années. Vous avez plusieurs producteurs de trousse pharmaceutique, de médicaments, les petites compagnies qu'on avait au début, il y en a plusieurs qui produisent maintenant. Ça commence à paraître.

Le reste, je vous dirais, c'est une ville enthousiaste. La psychologie collective a viré de bord complètement ici.

Quand est-ce que ça s'est produit?

Ah! C'est le 400e. On est entrés dans la récession alors qu'on commençait à avoir une certaine maturité dans ce qu'on appelle l'innovation technologique. Et est arrivé le 400e qui a été un immense succès, et ça fait en sorte que le monde est de bonne humeur.

Dans quatre ou huit ans, quand vous partirez, de quoi Québec aura-t-elle l'air?

On veut être la ville la plus attrayante au pays. Alors, c'est une ville qui va s'embellir, s'embellir, s'embellir. Puis après, on va vendre la ville. Je vais frapper un coup de circuit. Je ne peux pas vous dire qui, mais je viens d'engager quelqu'un d'écoeurant pour créer une nouvelle image de marque de Québec. Un king en Amérique du Nord. Il vient de New York.

On vient aussi de rendre publics nos projets pour les deux parties les plus laides de Québec, c'est-à-dire D'Estimauville et la Pointe-aux-Lièvres. Je vous dirais que dans deux ans, il va y avoir trois réels éco-quartiers en développement.



Vous voulez aussi rajeunir la ville...                                                                                                               On est la deuxième ville la plus âgée du pays après Victoria. Qui vieillit s'appauvrit en général. Nous, ce qu'on veut, c'est des consommateurs.

Moi, je dis toujours au monde ici de penser aux jeunes couples de la Polytechnique qui sont bilingues, souvent trilingues. Ces gens-là peuvent travailler partout dans le monde, ils sont recherchés. Alors, pour les attirer à Québec, il faut développer la ville en fonction de leurs valeurs, pas les valeurs d'un maire de 53 ans, mais en fonction des nouvelles valeurs.

Vous avez promis un nouveau Colisée. Comment allez-vous faire pour convaincre Ottawa et Québec de le financer? Écoutez, s'ils sont capables de garantir un demi-milliard à Toronto pour s'inscrire aux Jeux panaméricains, ils doivent être capables de mettre un peu d'argent dans le Colisée. Ils sont capables de garantir 161 millions à Edmonton pour avoir les Jeux universitaires, ils doivent être capables de mettre de l'argent un peu. Puis s'ils sont capables de donner 1 milliard pour la sécurité de Vancouver pour deux semaines, juste pour la sécurité, moi, je ne suis pas trop gêné...

Oui, mais ce n'est pas Ottawa qui a payé le Maple Leafs Garden à Toronto...                                                        Je ne parle pas d'un club de hockey. Moi, je parle d'un amphithéâtre pour s'inscrire aux Olympiques (de 2022). On est une ville moderne, ça prend un amphithéâtre moderne. La Ligue nationale de hockey, c'est une conséquence, mais ce n'est pas basé là-dessus. L'amphithéâtre n'est pas tributaire du hockey.

Ce qui se passe à Québec actuellement aurait-il été possible sans les fusions municipales?                       Impossible, impossible. C'est un de vos problèmes à Montréal. Vous ne serez jamais capables comme vous êtes là.

Pourquoi?                                                                                                                                                   Parce que, quand tu as des roitelets partout, là... t'es pas capable de te donner une direction, une vision, une mission. Ça ne marche pas parce que tout le monde s'occupe de son petit backyard.

Avez-vous des conseils pour Montréal?                                                                                                             Non, je ne m'embarque pas là-dedans. Mais dites-vous bien que si Montréal va mal, ce n'est pas bon pour nous autres non plus.