Même s'ils sont majoritaires à penser que la récession n'est pas finie, les Québécois sont pour la plupart confiants de conserver leur emploi au cours des six prochains mois.

C'est ce qui ressort d'un sondage exclusif CROP-La Presse mené auprès de 1000 personnes entre le 15 et le 25 octobre. Selon l'enquête, 88% des répondants estiment que leur boulot est «très» ou «assez» assuré d'ici six mois. À peine 1% jugent leur poste «très» menacé.

«L'impression générale, c'est que les gens sont quand même confiants, mais prudents», a souligné Maïalène B. Wilkins, directrice de projets chez CROP.

D'après le sondage, 71% des Québécois croient que la récession n'est pas finie dans la province. Les femmes sont un peu plus nombreuses (74%) que les hommes (68%) à entretenir cette perception. Lundi, Desjardins affirmait que le Québec est bel et bien sorti de la récession l'été dernier, après avoir enregistré deux mois de croissance en juin et juillet.

Le clivage entre les sexes apparaît aussi lorsqu'on demande aux gens s'ils sont plus confiants qu'il y a six mois par rapport à la situation économique en Amérique du Nord. À cette question, 48% des répondants masculins se sont dits plus encouragés, comparativement à 37% des femmes.

Au total, plus de deux Québécois sur cinq (42%) demeurent tout de même plus rassurés qu'il y a six mois quant aux perspectives de l'économie nord-américaine. «Il y a une certaine confiance, mais rien de démesuré en ce moment: les gens restent sur leurs gardes», a indiqué Mme Wilkins.

Pas de surprise

La relative sérénité des travailleurs ne surprend pas du tout Florent Francoeur, président-directeur général de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés. Son organisme a publié le mois dernier un autre sondage CROP indiquant que 83% des Québécois sont «optimistes» quant à l'avenir de l'organisation qui les emploie.

«Pour nous, ça ne fait que refléter que le Québec, somme toute, s'en est mieux sorti qu'ailleurs dans la présente crise économique», a-t-il indiqué à La Presse Affaires.

Le sondage de septembre fait état d'une nette distinction entre les travailleurs de Québec et ceux de Montréal. Ainsi, 94% des gens interviewés dans la Capitale nationale se sont dits optimistes quant à l'avenir de leur employeur, comparativement à 78% dans la métropole.

La forte présence de la fonction publique à Québec ne saurait expliquer à elle seule cet écart marqué, selon Florent Francoeur. «Il y a 14 sièges sociaux de compagnies d'assurances à Québec. C'est peu connu, mais il demeure que ce sont des emplois qui sont presque antirécession. Que vous soyez ou non en crise économique, vous allez quand même acheter de l'assurance.»

Les entreprises de la province ont par ailleurs tenté de limiter au maximum les suppressions de postes, puisque plusieurs appréhendent la pénurie de main-d'oeuvre prévue en 2011, indique M. Francoeur. Elles ont privilégié - et continuent de le faire - d'autres mesures de réduction des coûts, comme l'amincissement des régimes de retraite et d'assurance-santé, ajoute-t-il.

Près de 60 000 Québécois ont néanmoins perdu leur gagne-pain entre novembre 2008 - le sommet du marché de l'emploi au Québec - et septembre dernier, selon le Mouvement Desjardins. Le taux de chômage atteignait 8,8% en septembre dans la province.

Situation financière

S'ils sont majoritaires à ne pas craindre pour leur emploi, les Québécois sont quand même nombreux à juger que leur situation financière s'est détériorée depuis six mois. Selon l'enquête CROP-La Presse, 21% des répondants estiment être en moins bonne posture aujourd'hui, tandis que 64% ne voient aucune différence.

Fait à noter, les Québécois les mieux nantis sont presque trois fois plus nombreux que les plus pauvres à juger que leur situation financière s'est améliorée depuis six mois. Ainsi, 28% des gens dont le ménage gagne plus de 100 000$ par année s'estiment en meilleure santé financière aujourd'hui, contre à peine 10% de ceux où le revenu est inférieur à 40 000$.