La Régie des rentes du Québec (RRQ) vient au secours des retraités québécois de Nortel. Le ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et du Travail, Sam Hamad, confirmera lundi qu'ils obtiendront le droit de confier leurs économies de retraite à la Régie pendant cinq ans, ce qui limitera leurs pertes financières à la suite de l'effondrement de Nortel.

Il était déjà connu que le ministre Hamad avait l'intention d'introduire une mesure pour répondre à l'appel des retraités de Nortel. L'annonce de lundi atténuera maintenant une partie de leurs inquiétudes. «M. Hamad nous accorde ce qu'on lui a demandé», se réjouit Ken Lyons, porte-parole de la Sauvegarde des retraités et anciens employés de Nortel Canada (SRNC). M. Lyons a témoigné en commission parlementaire à Québec à la fin du mois de septembre, afin d'exposer les revendications des retraités.

Au début de l'année, l'Assemblée Nationale a adopté la Loi 1, qui permettait de protéger les retraités dont l'entreprise faisait faillite. Or, Nortel n'est pas en faillite, mais est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

Le régime de retraite de Nortel est déficitaire d'environ 31%. Avec la déconfiture de l'entreprise, les retraités de Nortel, qui voient déjà disparaître leurs assurances, ne devraient plus toucher que 69% de leur rente, qui sera transformée en rente viagère.

Avec le changement qu'annoncera M. Hamad, les retraités auront donc l'option de placer leurs actifs à la RRQ même si Nortel n'est pas techniquement en faillite. Sous administration de la Régie, ces actifs pourraient profiter d'une relance des marchés, et les retraités ont toutes les chances de toucher une rente bonifiée à la fin des cinq ans.

«Pour nous, c'est une grande victoire, mais notre bataille est loin d'être finie, dit Ken Lyons. On veut que la Loi fédérale sur la faillite et l'insolvabilité soit changée.»

Mercredi, quelques milliers de retraités de Nortel ont manifesté sur la colline parlementaire à Ottawa, pour exiger que le statut des anciens employés soit bonifié quand des entreprises se placent sous la protection de la loi.

«Le manque à gagner du régime de retraite devient alors une créance ordinaire, explique Ken Lyons. On est obligé de se battre avec les autres créanciers pour avoir notre part.»

La SRNC ne demande pas que les travailleurs accèdent au statut de créanciers garantis, mais plutôt qu'ils passent au moins devant les autres créanciers ordinaires.

Aux États-Unis, les 23 000 employés et retraités de Nortel n'ont pas à faire le même combat. Une agence gouvernementale a pris en charge les régimes de retraite et s'acquittera du manque à gagner. Elle garantira les rentes jusqu'à concurrence de 5000$ par mois. Même chose au Royaume-Uni.

Jeudi, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a proposé l'instauration d'un régime national d'assurance-pension qui garantirait les rentes jusqu'à 2500$ par mois.

L'Ontario peut aussi compter sur un fonds de secours, mais il offre seulement 1000$ par mois et «il va manquer d'argent», note M. Lyons.

Avec les nouvelles dispositions à être annoncées lundi, Ken Lyons estime que les quelque 5000 retraités québécois de Nortel, qui comptent pour près du tiers des retraités canadiens, seront pour l'instant dans une meilleure situation que leurs confrères ontariens.