«Quand j'étais petit bonhomme, je recevais le catalogue du Distribution aux consommateurs, raconte Luc Dupont, professeur de communication à l'Université d'Ottawa. Les heures que je pouvais passer à découper les petites images, à les coller dans mon scrapbook, pour dire à mes parents ce que je voulais à Noël!»

Nostalgie passéiste? Le catalogue sur papier a encore ses adhérents, et présente d'indéniables qualités. Il est concret, palpable, à portée de main. «C'est vrai que le catalogue se retrouve sur internet, lance Luc Dupont. Mais encore faut-il que je pense à aller le voir sur le site.»

Autre avantage, le catalogue est un objet fini. Internet ne semble avoir ni marges, ni endos, ni fin. «Lorsque j'ai un catalogue, j'ai le sentiment de pouvoir en faire le tour», poursuit Luc Dupont.

Feuilleter est plus facile que fureter? «C'est plus facile pour notre génération à nous», rétorque Johanne Labrecque, professeure à HEC Montréal. «Le format papier a encore sa place aujourd'hui, mais un jour, il va s'essouffler. Les générations attachées à ce format vont continuer de vieillir, mais seront de moins en moins consommateurs, et la nouvelle clientèle, avec de nouvelles façons de consommer, va prendre plus de poids démographique.»

L'argument de la proximité du catalogue? «C'est quelque chose de générationnel, soutient lui aussi Benoît Bessette. Chez les générations plus jeunes, les ordinateurs sont allumés en tout temps. Maintenant, ce sont les enfants du cellulaire, et l'écran dominant dans leur vie est celui de leur téléphone.» Branchés sur internet, ils peuvent même magasiner dans la salle de classe, ajoute Johanne Labrecque.

En somme, les catalogues traditionnels vont connaître la même attrition que les générations qui ont grandi en feuilletant un catalogue de Noël.

C'est inéluctable, Internet sera de plus en plus dominant. Ce qui n'empêche pas un paradoxe qui laisse quelques espoirs aux nostalgiques: on y trouve un catalogue de catalogues imprimés (www.catalogs.com), répertoriés en près de 40 catégories.