On pénètre dans le garage des frères Paquette comme dans un temple de la renommée du hockey. Mais au lieu des chandails des Gretzky et Lemieux, on y trouve plutôt ceux de Jack, Steve, et Jeff Hanson, ou du joueur-entraîneur Reggie Dunlop, tous de légendaires héros du film-culte Slap Shot.

Alexandre et Mathieu Paquette détiennent la licence exclusive de distribution des produits dérivés de Slap Shot. Leur entreprise MadBrothers s'abreuve à une source qui ne tarit pas: la nostalgie.

Car quelque 32 ans après la sortie du film mettant en vedette Paul Newman, la passion des amateurs ne s'est jamais démentie.

Depuis le petit garage de Verchères, qu'ils appellent la «madcave», les MadBrothers expédient aux fidèles de Slap Shot des chandails, casquettes et autres dérivés, partout dans le monde.

Le chiffre d'affaires de l'entreprise, qui vend surtout sur l'internet, approche aujourd'hui les 400 000$. Et le demi-million n'est pas exclu pour l'année en cours.

Mathieu Paquette, âgé de 39 ans, n'en revient pas encore. Son frère et lui font de l'argent en vendant des vêtements de Slap Shot.

Le film de 1977 relate les aventures des Chiefs de Charlestown, une équipe de hockey d'un circuit de troisième ordre. La robustesse, pour utiliser un euphémisme, est au coeur de leur stratégie. Le langage vulgaire a fait de plusieurs dialogues des morceaux d'anthologie encore répétés par les amateurs, notamment ceux de la version québécoise.

«On tripait à écouter Slap Shot», se rappelle Mathieu.

Vers la fin des années 80, celui-ci fait fabriquer des t-shirts, puis des casquettes, qu'il vend à gauche et à droite. «Ça se vendait comme des hot-dogs!»

Quelques magasins acceptent de vendre les produits. «Ça a duré jusqu'à ce qu'un commerçant me demande si j'avais la licence nécessaire.» Il ne l'avait pas.

Après avoir mis son projet au rancart quelques années, il obtient la licence d'Universal Studios au milieu des années 90. Son frère Alexandre saute dans l'aventure.

«On ne pensait pas que ça allait durer, mais on n'a jamais regardé en arrière, même pendant les passes creuses», dit Mathieu.

L'internet sauveur

Au départ, les activités de l'entreprise sont tournées vers les magasins. Mais dès 1999, les ventes sur l'internet prennent une importance qu'elles ne perdront plus, si bien que 85% du chiffre d'affaires actuel est réalisé en ligne. «L'internet a sauvé l'entreprise», dit Nadia Samuelsen, conjointe d'Alexandre qui travaille à temps plein pour MadBrothers.

«Il a fallu faire un nettoyage du marché en ligne, parce qu'il y avait beaucoup de contrefaçon», souligne Mathieu.

Mais ç'a valu la peine. Car les ventes en ligne, sur le site de l'entreprise ou sur eBay, sont beaucoup plus profitables que les ventes en magasin.

L'entreprise vend au prix de détail plutôt qu'à un prix de gros et le client paie immédiatement. En dollars américains, de surcroît.

La clientèle est mondiale. «Dans plusieurs endroits au monde, qui dit hockey dit Slap Shot», note Alexandre, aujourd'hui âgé de 36 ans.

MadBrothers écoule 60% de ses produits aux États-Unis, 25% au Canada, et 15% ailleurs dans le monde.

Le noyau du catalogue de MadBrothers est constitué de chandails de hockey des Chiefs ou de leurs adversaires, fabriqués à Saint-Hyacinthe, et de t-shirts, dont les impressions sont faites à Longueuil.

Les articles des Chiefs sont à l'honneur, mais aussi ceux de leurs adversaires, comme le chandail d'Ogie Ogilthorpe, brute redoutée aux cheveux frisés des Bulldogs de Syracuse.

«C'est fort, la nostalgie»

Selon les deux frères, la nostalgie de Slap Shot n'est pas près de s'éteindre. «C'est fort, la nostalgie, dit Alexandre. Ça va toujours grossir. Les jeunes prennent le relais. Ça se transmet de père en fils!»

Au fil du temps, les MadBrothers ont acquis d'autres licences pour la distribution de produits dérivés. Notons Les Boys, Elvis Gratton, et aujourd'hui le groupe InterBox. Mais les ventes de ces produits sont ponctuelles. «Slap Shot, ça vend tout le temps», affirme Alexandre.

Et la nostalgie semble également être à l'épreuve de la récession. Les ventes continuent de grimper.

La licence d'Universal coûte encore «plusieurs milliers de dollars par année» à MadBrothers. «Mais on se considère chanceux d'avoir pu mettre la main sur cette licence», disent les deux frères.

Les MadBrothers testent actuellement la vente des articles du film de hockey Youngblood. Ils parlent aussi d'un magasin de détail à eux, voire d'une collection de vêtements.

La «madcave», déjà remplie, ne fera bientôt plus l'affaire.

 

Les clés de l'internet

Selon Alexandre Paquette, il existe trois clés importantes pour réussir en affaires sur l'internet.

> Il faut bien se faire voir, bien se positionner dans les moteurs de recherche.

> Il faut que les articles soient faciles à voir et à acheter.

> Il faut livrer rapidement un produit de qualité.

«C'est plus facile que ça en a l'air», dit celui qui souhaite offrir dès le printemps des cours pour montrer comment tirer son épingle du jeu sur la Toile.