Surprise de taille. L'Autorité des marchés financiers (AMF) a perdu beaucoup d'argent dans les satanés papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA). Les sommes englouties dans ce type de placement par l'AMF s'élèvent jusqu'à maintenant à 16 millions, a appris Le Soleil.

Selon nos informations, le gendarme québécois des marchés financiers a radié au cours des deux dernières années 16 millions sur des placements totalisant 33 millions dans les PCAA.

 

Une situation embarrassante pour l'AMF, alors qu'elle enquête toujours sur la déconfiture du marché du papier commercial survenue en 2007 au pays.

Surplus

Les placements, effectués par l'intermédiaire de la Caisse de dépôt et placement du Québec, émanaient des surplus du Fonds d'assurance-dépôts qui demeure sous la responsabilité et l'administration de l'AMF.

La Caisse a été un acteur actif dans le papier commercial. Le bas de laine des Québécois détenait 13,2 milliards de ce type de placement avant l'effondrement de ce marché en 2007.

Depuis 2007, l'AMF a dévalué 43% de ses placements dans le papier commercial.

Au cours des prochaines années, l'AMF pourrait par ailleurs annoncer de nouvelles radiations de ses placements dans les PCAA. Certaines sources parlent d'une dépréciation supplémentaire variant de 15 à 20%.

Au Québec, l'AMF a le mandat de maintenir un fonds d'assurance-dépôts pour garantir à toute personne qui fait des dépôts dans une institution inscrite le remboursement de ces dépôts. Le montant maximum de la garantie est de 100 000$ par personne et par institution.

Lors de l'année financière (2008-2009) terminée au 31 mars, l'AMF a notamment radié 11 millions de ses placements en PCAA. Un an auparavant (2007-2008), l'Autorité avait pris une provision de 5 millions, toujours dans les PCAA.

Au 31 mars 2009, l'avoir net du Fonds d'assurance-dépôts était de l'ordre de 429 millions, alors que 537 institutions y sont liées.

À l'AMF, on marchait sur des oeufs. «Nous avons bel et bien un investissement de 33 millions dans le PCAA, montant qui a été investi par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement», a fait savoir le porte-parole de l'organisme, Sylvain Théberge.

L'AMF n'a toutefois pas voulu commenter davantage le dossier.

Le monde à l'envers

Mis au courant des trouvailles du Soleil, le fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), Yves Michaud, avait du mal à cacher son étonnement. «C'est le monde à l'envers. L'AMF qui a acheté du papier commercial, c'est très bizarre et même kafkaïen. Là, on ne sait plus qui fait quoi», a-t-il fait savoir.

M. Michaud continue de croire que les pertes dans les PCAA seront plus importantes qu'annoncées.

Par conséquent, il se demande ce que faisait l'AMF dans les papiers commerciaux, «elle qui n'avait pas l'expertise pour placer de l'argent dans ce type de placement».