«Il n'y a pas de risque de perdre cet argent, j'ai des assurances. Dormez tranquille, tout est garanti.»

Voilà comment Sebastien Mecca rassurait les investisseurs qui lui avaient fait confiance. Hier, une demi-douzaine d'entre eux sont venus raconter comment ils ont perdu des centaines de milliers de dollars avec M. Mecca et ses entreprises.

Leurs témoignages ont été entendus au palais de justice de Laval dans le cadre du procès qu'a intenté l'Autorité des marchés financiers (AMF) contre cet «ami», qu'on appelait également Sam Mecca. L'AMF réclame une amende de 272 000$ contre M. Mecca pour avoir agi comme courtier sans permis et avoir fourni des informations fausses ou trompeuses, notamment.

Essentiellement, les investisseurs ont raconté s'être fait solliciter au début des années 2000. L'argent était placé dans la Corporation Acamex Capital, de Laval, ou dans Bridge Management, de la Barbade.

Des garanties bidon

Par ses propos rassurants, Sebastien Mecca a réussi à soutirer 15 000$, 60 000$ et jusqu'à 400 000$ aux investisseurs. Ces derniers étaient attirés par des promesses de rendements d'intérêt de 10 à 15%, un taux bien au-delà de ce qui était offert sur le marché. Dans le cas d'Acamex, trois des investisseurs ont raconté que l'argent était soi-disant placé dans des PME dites prometteuses, notamment Freins Newtech et Pompes Soliflow.

Au dos de certains des certificats déposés en cour figurait la mention: «La présente est garantie par les lois du gouvernement du Québec et régi en conséquence.» Ces termes laissaient croire aux investisseurs que leurs placements étaient protégés par le gouvernement, ce qui n'était nullement le cas.

En 2004, Acamex a finalement déclaré faillite, laissant une cinquantaine d'investisseurs sur la paille. Leurs pertes se sont élevées à 2,4 millions de dollars.

Les affaires de Sebastien Mecca ne se sont pas arrêtées là. Vers la fin de 1999, l'agent d'assurances a également commencé à proposer des produits dans une entreprise appelée Opus Capital devenue Bridge Management, de la Barbade.

Le dentiste Yvan Testolin est venu raconter, hier, avoir perdu des dizaines de milliers de dollars avec Bridge. M. Testolin soutient que Sebastien Mecca lui disait que le placement dans Bridge était garanti par le G7. Un autre témoin a également raconté s'être fait dire que «la compagnie était chapeautée par une commission représentée par des membres du G7».

Yvan Testolin avait connu M. Mecca comme représentant pour un autre produit financier, celui dans l'entreprise Bear Bay, au milieu des années 90. Bien que Bear Bay fut subséquemment au centre d'un autre scandale financier, l'expérience de M. Testolin s'est relativement bien déroulée avec M. Mecca, ce qui l'a incité à investir dans Bridge Management.

Le dentiste s'est dit définitivement convaincu de la solidité de Bridge après avoir rencontré l'avocat Serge Racine, de la firme Seguin Racine, qui lui aurait confirmé les garanties du placement.

Yvan Testolin n'a jamais récupéré son investissement, même si Sam Mecca lui promettait encore, il y a trois semaines, que l'argent «s'en vient dans deux-trois jours».

L'avocat Serge Racine

Ce n'est pas la première que l'avocat Serge Racine est mentionné dans cette affaire. Dans une récente cause civile, Serge Racine apparaît, en 2000 et 2001, comme l'avocat de Bridge Management (Barbados).

L'an dernier, pourtant, Serge Racine avait nié à La Presse Affaires être au courant de tels investissements outremer. Au cours d'un entretien, Serge Racine avait cependant dit savoir que Sebastien Mecca avait prêté des fonds à la société Hastings Aviation, de Dorval. Hastings est l'une des entreprises du financier Luc Verville qui a viré en catastrophe financière, en 2001.

Hier, à Laval, la plupart des victimes de M. Mecca ont raconté avoir pu, dans les premiers temps, encaisser les versements d'intérêts promis sur les certificats, dont l'échéance était de trois à cinq ans. Aucun des six témoins n'a vu son capital remboursé, cependant, sauf un couple de septuagénaires qui a eu recours à un avocat, en 2006.

Le procès se poursuit demain avec la défense de Sebastien Mecca.