Le ministre des Finances, Raymond Bachand, refuse de s'engager à ce que le déficit de l'année 2009-2010 respecte la cible prévue dans le dernier budget: 3,9 milliards. Il faudra attendre la synthèse du mois d'octobre pour savoir si le gouvernement Charest est parvenu à garder le cap sur ses prévisions.

«Je ne ferai pas de prévisions sur le coin de la table... On doit avoir les informations complètes», a lancé M. Bachand, invité à répéter l'engagement de son prédécesseur, Monique Jérôme-Forget, sur la hauteur du déficit. «Il n'y a rien d'écarté mais rien de prévu. Arrêtons de faire peur au monde», a-t-il laissé tomber.

En fin de journée hier, à l'issue de la réunion du conseil des ministres, il voulait surtout minimiser l'impact du Rapport mensuel des opérations financières publié par son ministère. Un constat étonnant: trois mois après le début de l'année financière, en juin dernier, le déficit du gouvernement atteignait déjà 3 milliards de dollars, à moins d'un milliard de la cible pour toute l'année financière, qui se termine en mars 2010.

Dans les coulisses, on indique que le gouvernement a profité de l'atmosphère de crise financière pour ouvrir les vannes plus largement et dépenser davantage que prévu. La présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, a toutefois insisté hier: «Les dépenses ne sont pas hors contrôle. Leur croissance cette année sera de 4,5% comme prévu. L'ensemble des ministères sera mis à contribution.» Au cours des trois premiers mois de l'année, ces dépenses ont augmenté de 941 millions par rapport à l'an passé. Elles atteignent 18,6 milliards.

Le rapport mensuel de juin indique que les revenus du gouvernement atteignent 15,6 milliards, un chiffre similaire à celui de la même période l'an dernier. Mais les dépenses (18,6 milliards) ont bondi d'un milliard. Elles ont surtout augmenté aux ministères de la Santé (546 millions), de l'Éducation et de la Culture (168 millions). Du mois d'avril au mois de juin, le déficit cumulatif s'élève à 3 milliards. En juin seulement, Québec a fait un déficit de 1 milliard, soit 655 millions de plus qu'en juin 2008.

Pour le ministre Bachand, il n'y a rien d'alarmant dans ces chiffres. Les revenus autonomes sont en baisse de 2,3% alors qu'on prévoyait 2,4%.

«L'an dernier, après trois mois, nous avions 1,8 milliard de déficit et on prévoyait 2 milliards pour l'année avant les réserves budgétaires. Cette année on prévoit 3,9 et on a 3 en juin. C'est en ligne avec le pattern habituel», a insisté M. Bachand.

Au début de l'année financière, a-t-il expliqué, le gouvernement fait beaucoup de débours importants pour les réseaux de la Santé et de l'Éducation.

Notons que, au début d'une année financière, les revenus sont généralement moins importants.

En dépit des problèmes économiques, les revenus tirés de la taxe de vente se maintiennent, indique-t-il. Il est clair que Québec a dû supporter des reculs dans les impôts des entreprises. Du mois d'avril au mois de juin, par rapport aux prévisions du budget, les revenus autonomes ont diminué de 275 millions, mais les transferts fédéraux sont venus aplanir cette baisse avec 238 millions de plus que prévu.

«Conformément à la tendance historique, les résultats cumulatifs pour les trois premiers mois de l'année indiquent un excédent des dépenses par rapport aux revenus. L'écart mensuel devrait diminuer progressivement au cours des prochains mois», peut-on lire dans le document du ministère des Finances. Il n'en demeure pas moins que le rapport envoie un signal inquiétant sur l'état des finances publiques.