Dans une lettre envoyée aux médias, Vincent Lacroix a présenté ses excuses aux investisseurs qu'il a floués, mardi, affirmant être un «homme mort». Aux yeux de ses victimes, ce repenti n'est qu'une tactique pour alléger sa sentence.

«Qu'il n'attende pas de sympathie de notre part! a lancé Réal Ouimet, qui a perdu 310 000$ dans l'affaire Norbourg. Je suis certain qu'il a fait ça pour convaincre les juges de lui imposer une sentence plus clémente.»

Après avoir plaidé coupable aux 200 chefs d'accusation qui pesaient contre lui, lundi, l'ex PDG de Norbourg a de nouveau créé la surprise, mardi, en faisant son mea-culpa auprès des 9200 investisseurs floués.

«Je suis complètement terrassé des GRAVES MALHEURS et PRÉJUDICES FINANCIERS ET MORAUX que je vous ai causés», a écrit Vincent Lacroix, dans la lettre que La Presse a obtenue (les majuscules sont de Vincent Lacroix).

«J'ai été mégalomane et complètement hypnotisé... Je vous demande encore une fois 9200 pardons, mais je suis conscient de votre colère et de votre frustration ainsi que celle de la population à mon endroit.»

Vincent Lacroix réitère qu'il n'a plus d'argent. «VOUS NE ME CROYEZ PAS, POSEZ LA QUESTION AUX SYNDICS», a-t-il poursuivi. Le financier déchu se questionne d'ailleurs sur la distribution de l'argent récolté par le syndic de faillite, qui a notamment saisi les trois maisons des Lacroix.

«POURQUOI ON NE VOUS DISTRIBUE PAS L'ARGENT QUI SE TROUVE CHEZ LES SYNDICS? se questionne-t-il. En attendant le recours collectif, cela pourrait alléger vos souffrances. TOUT ÇA AU NOM D'UNE JURISPRUDENCE PLUS DURE.»

Puis, l'ex PDG de Norbourg partage ses émotions. «MES ENFANTS NE VEULENT PAS ÊTRE VUS EN PUBLIC AVEC MOI. JE SUIS UN HOMME MORT. Tout comme je l'ai mentionné à un homme qui voulait me faire payer le scandale Norbourg, tu peux me frapper mais tu ne peux pas me tuer, JE SUIS DÉJÀ MORT.»

Les victimes de l'affaire Norbourg interrogées mardi sont restées de glace devant les regrets de M. Lacroix.

«Il n'a pas commis un crime, il en a commis 9200!» a lancé Réal Ouimet, qui dit n'avoir «aucune pitié» pour celui qui l'a forcé à retourner sur le marché de travail après sa retraite.

Pour Wilhelm B. Pellemans, chirurgien de Laval, la lettre vise uniquement à convaincre la justice qu'il regrette ses crimes. Rappelons que les observations sur la peine auront lieu vendredi.

«La Commission des libérations conditionnelles lui a dit qu'il ne semblait pas réaliser l'ampleur de ses actions. J'ai l'impression qu'il essaye simplement de nettoyer son image», a dit M. Pellemans, le requérant principal du recours collectif des investisseurs.

Extrait de la lettre de Vincent Lacroix

Je suis complètement terrassé des GRAVES MALHEURS et PRÉJUDICES FINANCIERS ET MORAUX que je vous ai causés. J'ai été mégalomane et complètement hypnotisé...  Je vous demande encore une fois 9 200 pardons, mais je suis conscient de votre colère et de votre frustration ainsi que celle de la population à mon endroit. Je me suis battu pour que les procédures soient en ordre, non pas pour ma non-culpabilité. Vous souffrez de ma criminalité et c'est extrêmement difficile à porter.

Mon incompréhension demeure au niveau de vos épargnes. J'ai financé plusieurs acquisitions avec votre épargne. J'ai fait une faillite personnelle et corporative, ce qui signifie que je n'ai plus d'actifs. Tout est entre les mains des syndics ...

POURQUOI ON NE VOUS DISTRIBUE PAS L'ARGENT QUI SE TROUVE CHEZ LES SYNDICS? En attendant le recours collectif, cela pourrait alléger vos souffrances. TOUT ÇA AU NOM D'UNE JURISPRUDENCE PLUS DURE.

«UN HOMME NE PEUT MOURIR DEUX FOIS»

Je n'ai plus d'argent. VOUS NE ME CROYEZ PAS, POSEZ LA QUESTION AUX SYNDICS. À tous ceux qui ont ridiculisé la mère de mes deux enfants, soyez ASSURÉS qu'elle agissait comme mère, et non pas comme épouse. MES ENFANTS NE VEULENT PAS ÊTRE VUS EN PUBLIC AVEC MOI. JE SUIS UN HOMME MORT. Tout comme je l'ai mentionné à un homme qui voulait me faire payer le scandale Norbourg, tu peux me frapper mais tu ne peux pas me tuer, JE SUIS DÉJÀ MORT.