Certaines des victimes de Vincent Lacroix estiment que l'ancien président de Norbourg cherchait d'abord et avant tout à protéger ses propres intérêts quand il a plaidé coupable, lundi matin au Palais de justice de Montréal, aux 200 accusations qui pesaient contre lui.

Le juge Richard Wagner a aussitôt ordonné son incarcération immédiate.

Pierre Gravel, qui a perdu au total 100 000 $ dans cette affaire, croit que Lacroix espère peut-être profiter de ce qu'il a appelé une «justice élastique et complaisante».

«Il espère que sa peine ne sera pas trop longue, tous les investisseurs sont convaincus qu'il y a beaucoup d'argent de caché quelque part», a-t-il lancé.

Jean-Guy Houle, dont les petites-filles Daphney et Abygail ont vu leur héritage de 200 000 $ s'envoler en fumée, s'est dit «abasourdi d'entendre une nouvelle pareille».

«Je suis très, très déçu qu'il plaide coupable. C'est clair qu'il y a eu une entente entre les avocats en fin de semaine, a-t-il dit. C'est évident que Vincent Lacroix va y trouver son compte. Il va faire le sixième de sa peine et, dans sept ou huit ans, il va être au soleil avec l'argent des investisseurs. Il va profiter de nos biens jusqu'à notre mort.»

Même son de cloche du côté de Gilles Viel, dépouillé d'environ 275 000 $, qui aurait aimé que le procès aille de l'avant pour qu'on puisse tenter d'obtenir réponse aux nombreuses questions qui restent en suspens.

«Nous ne sommes pas surpris, c'est une stratégie qui permet à la société de ne pas entendre ce qu'on aurait pu entendre, a-t-il. Une chatte y perd ses petits, dans cette affaire-là.»

Pierre Gravel se réjouit quand même de constater qu'en ayant plaidé coupable, Vincent Lacroix «admet que ce qu'il a fait, il l'a fait de manière intentionnelle». Si le procès avait eu lieu et que Lacroix avait été blanchi, poursuit-il, ça aurait pu être la goutte qui fait déborder le vase pour certains investisseurs floués.

«S'il s'en était sorti, j'ai l'impression qu'un membre du groupe aurait pu se faire justice lui-même, a prévenu M. Gravel. J'ai l'impression que ça aurait pu arriver facilement.»

M. Gravel compte maintenant continuer à se battre pour augmenter la protection dont jouissent les investisseurs. Il souhaite notamment la mise en place d'un nouveau mécanisme qui permettrait aux investisseurs de mieux se renseigner avant de confier leurs épargnes à quelqu'un.

Jean-Guy Houle aussi poursuivra le combat pour «faire augmenter les lois».

«On dit que c'est un crime sans violence, mais il y a eu des suicides, des gens qui vivent avec un stress constant, a-t-il dit. C'est un viol qu'il nous a fait, il a nous a violés.»

A la tête de Norbourg, Vincent Lacroix s'est approprié illégalement plus de 100 millions $ provenant de fonds appartenant à des investisseurs. Environ 9200 personnes ont ainsi été flouées.