On savait déjà que les prix des maisons résistaient mieux à la récession au Québec qu'ailleurs au Canada. Mais voilà qu'on apprend que c'est aussi vrai pour le coût des vêtements. Et des meubles, de la nourriture, des soins de santé, des loisirs...

Les chiffres dévoilés hier par Statistique Canada montrent que pendant que le montant des factures des consommateurs baisse au Canada, il grimpe au Québec.

L'indice des prix à la consommation a reculé de 0,8% en août au Canada par rapport à l'an dernier. Il s'agit d'une troisième baisse en autant de mois, une première en 56 ans. Le Québec est toutefois la seule province avec la Saskatchewan à échapper à la tendance. Chez nous, les prix ont augmenté de 0,4%.

Si les consommateurs québécois risquent d'être déçus de ne pas pouvoir profiter de rabais comme leurs confrères des autres provinces, les économistes, eux, y voient plutôt de bonnes nouvelles.

«C'est un signe que la demande au Québec a été plus vigoureuse que dans l'ensemble du Canada, dit Benoit P. Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins. Si la demande est plus forte, les prix se maintiennent mieux. Ça veut dire que le Québec a été moins durement touché par la récession.»

Une partie de «l'exception québécoise» s'explique par un fait déjà connu: la résilience de son marché immobilier. En Ontario, mais surtout dans l'Ouest canadien, les prix des maisons ont beaucoup grimpé au cours des dernières années, avant de se dégonfler pendant la crise.

Le marché québécois a été plus stable. Le prix du logement n'a baissé que de 0,3% en août dans la province, comparativement à 2,2% en moyenne au Canada.

Pascal Gauthier, économiste à la Banque TD, souligne que les prix des services comme l'eau, le gaz et l'électricité ont aussi moins varié au Québec qu'en Ontario. «Les prix des services sont plus stables au Québec parce qu'ils sont davantage réglementés», écrit-il.

Le plus intéressant, cependant, c'est que le coût du logement n'est pas le seul à mieux résister au Québec qu'ailleurs. Benoit P. Durocher, du Mouvement Desjardins, s'est amusé à comparer les autres postes de dépenses des consommateurs. Résultat: tant dans l'habillement et la nourriture que l'ameublement, les soins de santé et les loisirs, les prix augmentent plus (ou diminue moins) au Québec que dans le reste du Canada (voir tableau en page 4).

«C'est probablement une indication que le Québec s'en est mieux tiré qu'en Ontario, acquiesce Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Le secteur aéronautique s'est quand même bien tiré d'affaire jusqu'à tout récemment, ce qui a permis au Québec de mieux traverser la récession. Ça a provoqué moins de ventes dans les magasins.»

Les économistes ont répété hier qu'il ne faut pas s'alarmer en voyant de la déflation (un recul des prix) au pays. Les chiffres du mois d'août sont comparés à ceux du même mois l'an dernier, alors que l'essence était beaucoup plus chère (21% de plus). En excluant l'essence, l'inflation aurait atteint 1,4% au Canada. M. Pinsonnault souligne qu'en plus de l'essence, le prix des voitures et les taux hypothécaires ont aussi beaucoup reculé par rapport à l'an dernier, et qu'ils devraient maintenant amorcer leur remontée. Le résultat, c'est qu'ils risquent d'entraîner l'inflation en territoire positif d'ici quelques mois.

Les économistes sont d'avis que les données publiées hier n'influenceront pas la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à son niveau plancher de 0,25% jusqu'au milieu de l'an prochain.

 

COMPARAISON DES PRIX AU QUÉBEC PAR RAPPORT AU CANADA

Variations des prix entre août 2009 et août 2008

> Coût du logement: Québec: -0,3% Canada: -2,2%

> Habillement et chaussures : Québec: -1,1% Canada: -1,7%

> Aliments: Québec: "4,8% Canada: "4%

> Transport : Québec: -6,7% Canada: -6,7%

> Dépenses courantes et ameublement: Québec: "3,3% Canada: "2,5%

> Loisirs et formation: Québec: "1,1% Canada: "0.9%

Source: Statistique Canada