Les producteurs de porcs du Québec se lancent dans une campagne de relations publiques. Message dans les journaux, rencontre de presse, nouvelles publicités à la télévision dès la semaine prochaine... Ils veulent que les Québécois mangent plus de porc, et qu'ils choisissent le porc du Québec. Ce qui n'est pas chose facile.

Au Québec, les détaillants refusent d'apposer le logo «Porc du Canada» comme on le fait dans les autres provinces, ce qui permet aux consommateurs qui veulent acheter de la viande d'ici de le faire facilement. Le porc américain prend de plus en plus de place dans les supermarchés du Québec, à l'insu des consommateurs. «Il y a un an, il y avait entre 15% et 20% de porc américain au Québec, explique Bernard Verret, directeur général de la Fédération des producteurs de porcs du Québec. Maintenant, c'est plutôt de 20% à 30%.»

Les représentants de la Fédération ont rencontré les médias hier matin pour présenter leur nouveau plan d'action, maintenant qu'ils se sont entendus avec les abattoirs pour un partenariat d'affaires. Afin de se distinguer des producteurs américains, ils veulent offrir plus de viande de spécialité et des coupes plus raffinées, étant donné que les Américains exportent surtout des filets.

Même avec de nouveaux produits, leur offensive séduction ne sera pas facile: la consommation de viande est généralement en diminution au Québec. Ce sera un défi de plus pour les producteurs de porcs, qui vivent une crise après l'autre. Le prix de la viande est toujours bas, bien en deçà des coûts de production.

Pour cette raison, le gouvernement fédéral a inclus dans son plan d'aide, dévoilé le mois dernier, des dispositions pour diminuer la production de porcs au pays. Des éleveurs doivent quitter la production, car leurs entreprises ne sont plus rentables, a indiqué le ministre canadien de l'Agriculture, Gerry Ritz.

Le message n'a vraisemblablement pas été entendu au Québec. Le syndicat de producteurs n'a pas dans ses plans de réduire le cheptel.

Pas de diminution en vue

«Ce n'est pas parce qu'on vit une période difficile qu'on veut lâcher ou qu'on va lâcher», affirme avec beaucoup de conviction le président de la Fédération, Jean-Guy Vincent, qui répète que l'industrie porcine joue un rôle économique important dans plusieurs régions du Québec. Selon lui, l'offre du gouvernement fédéral s'adresse à «une minorité de producteurs» au Québec. «On va se battre jusqu'à l'extrême pour rester en production», maintient-il.

La crise dans le secteur porcin dure depuis des années. Les producteurs québécois ont une assurance stabilisation, payée en majeure partie par les gouvernements, qui leur verse des compensations lorsque le marché est en crise. Avec les prévisions d'un dollar canadien fort, l'automne risque d'être encore difficile pour les producteurs puisque le secteur dépend de l'exportation. Environ 60% du porc québécois quitte la province.

Jean-Guy Vincent avoue que plusieurs de ses collègues éleveurs sont très endettés et certains risquent de ne pas traverser la crise. Au moins 40% se trouveraient dans une situation très précaire.