Le gouvernement Charest craint qu'un changement de gouvernement à Ottawa ne réduise subitement sa marge de manoeuvre au point de vue fiscal.

L'arrivée au pouvoir des libéraux de Michael Ignatieff risquerait d'ouvrir la voie à une augmentation de la taxe de vente sur les produits et services, réduisant l'espace que lorgne Québec pour augmenter sa propre taxe de vente.

C'est le calcul que fait le ministre des Finances, Raymond Bachand en évoquant tout de suite la possibilité pour Québec de hausser de 1 % la TVQ dès janvier 2010 plutôt que d'attendre le début de 2011, comme le prévoyait le budget de Monique Jérôme-Forget, le printemps dernier. Chaque augmentation de 1 % de la TVQ fait entrer près de 1 milliard dans les coffres du gouvernement.

 

Le ministre Bachand, qui en privé, a présenté ces arguments à plusieurs personnes, insistait hier sur le fait qu'il n'y avait pas de décision quant à une hausse de la TVQ, dès janvier prochain.

Hier le même ministre qui avait évoqué ce scénario dans une entrevue, voulait temporiser. Il n'y aura pas de hausse de taxe tant que l'économie ne sera pas revenue en selle. « Tant que la reprise ne sera pas solide, enclenchée, il n'y aura pas de changement « a-t-il soutenu.

Même si l'opposition péquiste l'invitait à combler l'espace rendu vacant, le gouvernement Charest n'avait pas bougé quand, à Ottawa, Stephen Harper avait fait réduire de 2 % la taxe fédérale. En coulisse, on explique que les recettes fiscales du gouvernement sont « légèrement en bas des prévisions «, qu'il n'y a pas matière à sonner le tocsin. En revanche, Québec n'a pas pesé assez sur le crayon quand il a fallu faire des provisions pour la réévaluation triennale du coût des régimes de retraite du secteur public, indique-t-on.

Hier en point de presse pour marquer la rentrée parlementaire, la chef péquiste Pauline Marois n'a pas voulu dire si elle était favorable à une hausse dès janvier prochain. C'est au gouvernement de prendre sa décision, explique-t-elle, soutenant que « le premier ministre Charest avait été d'une parfaite hypocrisie dans la campagne électorale «, en attaquant le PQ qui prédisait des hausses de taxes.

Dans le dernier budget, le 1 % annoncé réglait 40 % du problème de déséquilibre des finances publiques. Le 60 % restant sera au centre d'un large débat public, qui abordera aussi les hausses de tarifs, a expliqué le ministre Bachand.

Ce dernier a fait pression pour qu'avance le projet de loi 40 par lequel Québec suspend l'application de la loi antidéficit.

Pour la reprise des travaux à l'Assemblée nationale, la chef péquiste Mme Marois a attaqué la stratégie du gouvernement « qui veut avoir un chèque en blanc « pour creuser un déficit de 11 milliards en quatre ans.

L'an dernier, le premier ministre Charest « tournait en ridicule « ses adversaires qui prédisaient que la crise économique le forcerait à hausser les taxes et les tarifs. Il a tenu le même discours durant la campagne électorale, pour reconnaître récemment que les coffres de l'État auraient besoin d'être renfloués. « Il disait pas de problèmes dans les finances publiques, pas de déficit, pas de nouvelles taxes «, a rappelé Mme Marois.

Pour Jean Charest, personne ne pouvait prédire l'impact de la crise financière, Desjardins a dû revoir ses prévisions à 12 reprises en 2009.